Des belles et grandes retrouvailles avec le public Julie Zenatti en rêve, mais va devoir encore patienter un peu. Alors pour continuer de cultiver ce lien incassable l’artiste n’a pas hésité une seule seconde à franchir le pas du concert en live-stream. Une première en 23 ans de carrière pour cette chanteuse qui n’a pas peur de se réinventer. Une parenthèse intime, scintillante, mais aussi bouleversante qu’elle a donné depuis la Scala à Paris.
Légèreté et bonnes ondes
Seulement quelques jours après la sortie de « Refaire danser les fleurs », Julie Zenatti n’avait qu’une hâte : faire exister ce projet en live. Un disque faisant résonner son envie de liberté. Une bouffée d’air pleine de fraîcheur qui l’a guidé tout au long de ce concert si particulier. Et c’est justement avec la première piste du même nom que la chanteuse a réalisé son entrée sur scène. Arborant une couronne florale dans les cheveux pour se fondre dans le thème, avant de poursuivre avec une setlist adéquate. C’est un peu fébrile qu’elle a entonné « Comme un pirate en mer » face à une salle dénuée de spectateurs mais pas d’âme. Réchauffant le coeur des internautes avec d’autres extraits de l’album comme l’entêtant « La mélodie du bonheur », le tube « Tout est plus pop » ou encore «Pour nos p’tits coeurs qui flanchent » musicalement proche de l’univers de France Gall. Une idole à qui elle a rendu un hommage avec « Résiste » en compagnie de son amie Barbara Pravi. Une artiste qui s’est épanouie avec une certaine insouciance aussi bien seule qu’avec ses invités. Rejointe par Alban Lico pour dire stop aux préjugés et sexisme ordinaire sur leur duo « Rien de spécial », puis par Rose avec laquelle elle partage le hit «Rien de spécial ». Trouvant du réconfort aussi aux côtés de ses musiciens, comme son guitariste qu’elle a rejoint pour une session intimiste acoustique au milieu des fauteuils remplis de bouquets champêtres. « Il fut un temps ou j’étais déprimée… genre 4-5 albums» a-t-elle blagué. Une dérision fréquente chez la chanteuse généralement si expressive et dynamique sur scène. Même état d’esprit au moment d’entonner son classique « Je voudrais que tu me consoles » dont elle a volontairement fourché en prononçant la phrase « que tu me prennes dans tes bras ». « C’est vrai qu’avec la covid-19 ce n’est plus possible ça » s’est-elle amusée.
Intimité et mélancolie
Un contexte délicat que Julie Zenatti n’a donc pas totalement écarté. Ressortant des tiroirs son titre « Douce » dont le texte a pris une toute autre tournure. « On se méfie de l’eau des douches, Même le bonheur physique nous paraît louche, On met des gants en plastique quand on se touche » a-t-elle murmuré avec tourment dans une ambiance feutrée. Gardant cette émotion intacte le temps d’un instant nostalgique lancé par son tube « La vie fait ce qu’elle veut ». Avant de se replonger dans des trésors de son album « Blanc » que sont le doux « Si tu veux savoir » le poignant « D’où je viens ». Sans oublier « Les amis » son hymne au temps qui passe qui prend encore plus de sens à l’aube de son 40ème printemps. Impensable aussi de ne pas placer son incontournable « Si je m’en sors ». Ni pour elle de glisser quelques mots tendres à son compagnon mis à l’honneur dans le passionnel « Leçon de moi ». Mais c’est sans doute au moment de son interprétation poignante du titre « Le sors du monde » que tout a basculé. Nous laissant bouche bée face à sa puissance vocale majestueuse où elle y a mis toutes ses tripes. Un cri du coeur déchirant pour la chanteuse, parvenue honorablement à se contenir tout au long de la soirée. Avant de terminer à genoux au sol avec une reprise de « Utile ». Un morceau symbolique clamé au nom de tous ces artistes qui ne désirent qu’une chose « être utile, à vivre et à rêver ».
DROUIN ALICIA