C’est son premier album solo et pourtant le public connaît déjà bien Flo Delavega. Trois ans après la séparation du duo Fréro Delavega, le chanteur refait surface avec « Rêveur Forêveur ». Un disque fruit de cette trêve en pleine campagne. Un homme en phase avec lui-même livrant avec authenticité son envie de concilier art de la scène et amour de la nature. Une escapade au grand air respirant la tranquillité et la liberté. Chronique musicale.
Sereine évasion en pleine nature
On a deux vies. Sa seconde a commencé par une remise en question artistique. Une renaissance épanouissante pour Flo Delavega. Un artiste passé au vert pour échapper au succès effréné qu’il vivait amèrement avec son camarade Jérémy Frérot. Le temps pour lui de revenir transformé en « Rêveur Forêveur ». L’aboutissement de ces quelques années de réflexion. Une retraite en foret qui lui a permis de se reconnecter à ses inspirations profondes en totale sérénité. Un rêve, fil conducteur des 11 pistes de ce projet. À commencer par « Printemps éternel » dévoilé comme premier single il y a quelques mois. « Moi je rêve qu’un jour, un jour tout autour de moi, S’éveille un nouveau monde d’un genre qu’on n’connaît pas » clame-t-il plein d’espoir dans l’attente de jours plus chaleureux… au moins « Jusqu’à demain ». Des « Souvenirs De demain » qu’il s’imagine au fond de son jardin fleuri entouré de chants d’oiseaux. Profitant désormais de l’instant « Ici et maintenant ». Son île comme il la décrit au cours du titre éponyme «Rêveur Forêveur ». Un lieu paisible où il a décelé « La clé du mystère ». Celle du monde des rêves du moins du sien : celui de vivre le plus possible en harmonie. Proche de cet environnement apaisant qu’il chérit tant, mais jamais bien loin de sa passion pour la musique et de son besoin de partage sur scène. Gérer cette dualité pas toujours évidente c’est justement l’objectif de cet opus. Un concept fédérateur aux sonorités brutes et épurées. Un projet fait-maison entre la grange, une cabane et un van. Le tout main dans la main avec sa compagne Natalia Doco à qui il offre une belle déclaration baptisée « Nous deux ». Une chanteuse argentine qui partage son micro sur le berçant « Un beau jour » mêlant français et espagnol. Un couple d’inséparable qui s’épaule au quotidien. Une fusion artistique qui a fait naître « Canto Lunero » écrite par la jeune femme dans sa langue maternelle. Une source d’inspiration aussi pour Flo Delavega, présente comme une évidence par petites touches. Apportant de la chaleur à l’entraînant « Un amanecer », comprenez « lever du jour ». Un moment propice à l’écriture, que le chanteur aime parfois partager avec son fils Santi dont on entend la petite voix en milieu d’album. Un petit garçon qui semble avoir déjà tout compris du haut de ses 3 ans, introduisant le titre « Merci la vie ». Des mots si simples mais si précieux, résumant l’importance pour chaque être humain de savourer l’instant. Et si c’était ça le véritable rêve à réaliser ?
« Rêveur Forêveur » raconté par Flo Delavega : « Je prends désormais mes distances avec les albums trop parfaits »
Syma : Comme son nom l’indique, « Rêveur Forêveur » parle de rêve. Mais duquel ?
Flo Delavega : Je parle des rêves que l’on a en soi, de notre singularité, de ce que certains peuvent appeler l’âme ou notre essence, notre mission. C’est celui auquel je fais référence. Je suis convaincu que chaque être a un rêve particulier à incarner, quelque chose de très spécial qui lui appartient totalement et que le monde attend. Et qu’il est bon je pense pour le monde de demain de s’y connecter et de le partager et être qui il est totalement. C’est un peu tout ça, une vision utopique d’un monde que j’aimerai voir naître.
C’est un peu ce que vous confié dans votre album, votre envie de trouver l’équilibre entre votre passion de la scène et votre amour pour nature ?
Exactement. Mon rêve, mon défi que j’entreprends chaque jour. Celui de vivre le plus possible dans l’harmonie, le plus proche de ce que je suis. Et je suis ce paradoxe. Un ermite qui aime monter sur scène et être écouté. Une dualité parfois difficile à gérer mais c’est l’objectif de cette album. Trouver ma juste place, celle dans laquelle je suis à l’aise et motivé chaque jour.
Musicalement c’est un disque très épuré, on y entend même des sons d’oiseaux, ce sont de vrais enregistrements ?
Carrément. Tout a été enregistré chez nous dans la foret, dans la grange. Les oiseaux sont ceux de derrière les fenêtre, le feu est une vrai crépitement. C’était hyper important parce que c’est dans cet atmosphère que les choses se sont crées et c’est dans ce milieu que je m’épanouis et ai découvert qui j’étais. J’aime, je me rends compte que ce qui m’a toujours inspiré dans la musique de Manu Chao c’est ambiance réelle de voyage. Je prends désormais mes distances avec les albums trop parfaits, je suis plus sensible aux petits défauts qui viennent rajouter beaucoup de caractère et d’authenticité dans les choses.
D’ailleurs pouvez vous me parler de la manière particulière dont vous avez enregistré les chansons ?
Ça s’est fait dans le grange chez moi, celle qui apparaît sur la pochette de l’album. Dans une cabane en foret aussi près de Fontainebleau, et dans un van. Ça donne un petit mélange sympa.
Et pour l’écriture, on vous imagine bien posé au milieu de votre jardin ?
Totalement (rires). En plein dans ma tête, dans mes rêves. C’était parfois des bouts de poème que j’écrivais sur des morceaux de feuilles. Parfois je me levais très tôt le matin pour écrire. C’était un gros pari aussi de limiter chaque chanson avec le mot rêve. C’était important pour moi je voulais aller jusqu’au bout du concept de « Rêveur Forêveur».
L’espagnol est aussi très présent, pour quelle raison ?
Ça fait parti de mon quotidien, je parle espagnol toute la journée avec ma femme et mon fils. Je pense en espagnol, je rêve en espagnol donc ça s’est invité un peu naturellement. Et puis l’influence du projet que ça soit Manu Chao ou des groupes que ma chérie me fait découvrir d’argentine. Je baigne dans cette atmosphère, forcément ça s’en ressent.
On vous retrouve en duo avec votre compagne sur le titre « Un beau jour » elle signe même le titre « Canto Lunero » on peut dire qu’elle vous a pleinement accompagné durant la conception de ce projet ?
Carrément. On s’accompagne mutuellement dans tous nos projets, on est constamment ensemble. Forcément ça se ressent. On fait ça avec joie et naturellement. Pour la partie en espagnol je voulais logiquement son « aprobacion ».
On y entend même la voix de votre fils sur le titre « Merci la vie » ! Chez vous la musique se pratique en famille ?
Exactement. Il baigne dans la musique, ça se ressent de plus en plus. Il a pris l’habitude avec sa maman de remercier plein de chose, la vie. Je trouve ça beau cet exercice de gratitude. Et un jour ou revenait de la plage près du ruisseau et il commençait à dire « merci la vie, merci la foret » du coup je l’ai enregistré avec mon téléphone et on a fait ce petit bout de chanson.
Dans le titre « Rêveur Forêveur » vous faites référence à votre île, c’est un hommage à votre cocon dans les Landes ?
L’île c’est plusieurs choses. Ce lieu spécial, cet endroit en nous, cet espace ou naissent les rêves. À la recherche du silence, on accède à une grande créativité. Et après, mais je me grillerais trop en en disant plus.. mais tout ce projet est très visuel, on a l’arbre aux rêves, toute une conceptualisation visuelle et imaginaire que j’ai crée autour de ça. Pour le moment je présente les chansons et bientôt viendra la suite… Poursuivre cette histoire entre chansons et dessins que j’ai repris. J’ai crée un avatar, il y a tout un univers que je continue à construire.
Merci à Flo Delavega
DROUIN ALICIA