Anaïd B. vient d’intégrer la #TeamVianney durant les sélections de The Voice. Auteure-interprète, cette jeune arménienne a déjà sorti deux albums aux sonorités pop-orientales. Fan de chanson française et de musique traditionnelle arménienne, elle nous parle avec bonheur de sa passion pour le chant et de sa double identité. Rencontre.
Florence Gopikian Yérémian : Quel est votre parcours musical ?
Anaïd Boyadjian : La musique fait partie intégrante de ma vie. Je suis issue d’une famille d’artistes, musiciens, danseurs, auteurs, et je prends des cours de chant depuis l’âge de 7 ans. Comme je suis de la région lyonnaise, j’ai intégré le conservatoire de Villefranche puis j’ai poursuivi ma formation à celui d’Erevan avec comme professeur le troubadour Mkhittar Kettsyan. Depuis 6 ans, je suis auteure interprète.
Il semblerait que vous ayez déjà plusieurs albums à votre actif ?
Je viens de sortir mon deuxième album « À découvert ». Je l’ai composé dans un esprit pop/folk/blues avec des sonorités d’Orient. Je le considère comme un opus intimiste où Anaïd.B rencontre Anaïd Boyadjian. Il est aussi fait d’autres rencontres musicales, notamment celle avec Nara Noïan, une auteure compositeur de Belgique. Elle a posé ses notes de piano sur trois de mes titres dont « Couleur Grenade » qui est un hymne à mes racines.
Quelles sont justement vos influences musicales ?
Les mots ont une grande importance pour moi en tant qu’auteure. J’aime poser des phrases sur mes ressentis, mes émotions, mes peines, mes joies. J’apprécie énormément les chanteurs poètes que sont Aznavour, Barbara, Charles Trenet ou Brel. J’aime aussi les chants traditionnels arméniens transmis au fil des siècles par des Achoughs (troubadours) aussi renommés que Gusan Achod, Sayat Nova, Gusan Shahen ou Komitas.
Vous défendez donc la chanson française tout en revendiquant celle de vos origines ?
Absolument. Je fais d’ailleurs partie d’un groupe de musique traditionnelle arménienne nommé Nor Achough (Nouveau troubadour). Je suis « tombée dedans » naturellement : avec un père dudukiste, un frère joueur de dhol et un parrain (Eghish Manukyan) qui fait partie du Ballet National d’Erevan, il ne pouvait en être autrement…
D’où vient cet attachement à votre double identité ?
À mes yeux, mon biculturalisme arméno-français est une vraie richesse. C’est ce qui me permet d’avancer plus sereinement. J’ai été scolarisée à l’âge de 2 ans dans une école bilingue à Lyon, celà m’a permis de tirer un pont très tôt entre ces deux pays. J’ai souvent chanté en arménien sur des scènes françaises comme le Hot Club de Lyon, le Transbordeur ou l’Auditorium de Villefranche. L’une de mes dernières vidéos (« Couleur Grenade ») est d’ailleurs un hommage en français à l’histoire de mes ancêtres et au génocide de 1915 auquel ils ont du faire face.
Qui vous a incité à participer à The Voice ?
J’ai attendu 10 ans avant de me lancer dans cette aventure. Je devais gagner en maturité pour trouver ma place dans ce concours.
Pourquoi avoir choisi d’interpréter cette très belle chanson de Vincent Baguian « Je suis une tombe » ?
J’ai envoyé spontanément quelques reprises au directeur de casting de The voice et ce sont celles en langue arménienne qui ont retenu son attention. J’ai opté pour « Je suis une tombe » (Hingala) car elle me semblait plus adaptée à la demande des coachs et accessible à tous. Le pari était osé car les auditions à l’aveugle ont été enregistrées au mois de novembre pendant le conflit du Haut-Karabagh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. En interprétant cette chanson dans les deux langues, j’ai pu offrir aux coachs mais aussi au public une meilleure compréhension de mon message.
Qu’a pensé Vincent Baguian de votre interprétation ?
Je ne connaissais Vincent que de nom. Il ne savait pas que j’allais reprendre sa chanson et il a été très honoré que je puisse le faire sur TF1 à une heure de si grande écoute. Comme beaucoup, il a été ému par ma prestation et m’encourage pour la suite.
Pourquoi avez-vous choisi l’équipe de Vianney ?
Je n’avais pas d’idée définie au départ mais la technicité et la précision musicale de Vianney en tant qu’auteur compositeur interprète m’ont attirées. L’essentiel était de faire passer un message de paix pendant ma prestation et de tisser un lien entre le pays de mes racines et celui de ma naissance. Ce message a été perçu par l’ensemble des coachs. Chacun a eu une parole touchante et émue. Florent Pagny a insisté sur « la perfection d’une voix dosée », Vianney sur « Le caractère pur d’une démarche entière » , Amel Bent s’est exclamée « C’est de la dentelle », quant à Marc Lavoine, les larmes aux yeux, il a dit cette très belle phrase « La poésie reste debout et continue à respirer et à transmettre de la beauté. C’est un acte énorme ce que vous venez de faire ». De mon côté, c’est avec fierté que j’ai vécu ce moment d’émotion artistique en compagnie de mon père Agop Boyadjian au doudouk et de mon frère Azad au daf (percussion)
Quels sont vos projets dans l’immédiat ?
L’aventure de The Voice continue mais cette fois-ci je serai seule sur scène. L’épreuve des battles arrive où le choix des chansons va être proposé directement par Vianney, mon coach. En parallèle de l’émission, je poursuis la promotion de mon dernier album “À découvert” que j’ai autoproduit. Peu importe le résultat final de The Voice, l’aventure est belle et l’essentiel pour moi était de fédérer autour de la diaspora arménienne du monde.
Pour en savoir plus sur l’univers d’Anaïd B, vous pouvez visiter son site et consulter sa chaine YouTube
Last News : Anaïd B. propose un concert Live simultané ce jeudi 25 mars à 19h30 sur Instagram et Facebook
Photo titre : ©Bureau 233 / ITV / TF1
Interview : Florence Gopikian Yérémian