Dix ans qu’elle fait planer le public avec douceur et sensibilité. Lana Del Rey fascine et intrigue une nouvelle fois sur son nouvel album « Chemtrails Over the Country Club ». Une perfusion de mélancolie hypnotique et romance, sur fond d’une country folk épurée. Une piqure intime et lumineuse qui l’entraîne un peu plus vers le chemin de la guérison intérieure. Chronique musicale.

Lana del rey - Chemtrails over the country club -

Une éternelle mélancolique

Après des mois de report, le public peut enfin se délecter au son du septième album de Lana Del Rey baptisé « Chemtrails Over the Country Club ». Un titre symbolique à double-sens. « Chemtrails » pour les traînés de poudre que laissent les avions dans le ciel, mais aussi pour le KO provoqué par le passage de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Si comme bon nombre d’artistes, la chanteuse regrette ce « monde d’avant » c’est plus loin dans sa jeunesse qu’elle puise son inspiration. Un passé de serveuse qu’elle se remémore de sa voix frénétique sur l’élégant et doux « White dress ». Un titre introspectif où elle se revoit vêtue de sa robe blanche, un plateau à la main à rêver de grandes scènes. Une période d’insouciance et d’amours de jeunesse à laquelle elle fait référence dans l’éponyme « Chemtrails Over the Country Club » aussi mélodique que planant. Des moments simples depuis son village d’origine dans lesquels elle se replonge sur l’intime « Let Me Love You Like A Woman ». Sans grande surprise, l’interprète de «Born To Die » laisser couler son spleen légendaire et sa fièvre passionnelle. Proposant 11 pistes homogènes, pour la plupart des ballades aériennes musicalement épuré, quasi brut même. Une artiste élégante et berçante, continuant de laisser planer le mystère autour de sa dualité. Mais aussi de camoufler ses sentiments profonds derrière des messages cachés à décrypter dans ses paroles mais aussi dans ses clips à l’ambiance vintage.

Lana del rey - Chemtrails over the country club -

Extériorisation et vieux démons

Une chanteuse pourtant qui s’avère plus sereine et épanouie. En témoigne la pochette de l’album où elle affiche un large sourire comme on en voit rarement chez elle. Parvenant même à s’ouvrir sur certains titres comme « Wild at Heart » d’une voix presque lyrique. Regarder en arrière pour aller de l’avant, un nouveau leit-motiv pour Lana Del Rey qui lui inspiré le délicat « Yosemite » plus joyeux que l’ensemble sur le fond. Une éternelle fleur bleue rêvant de se faire chouchouter par un gentleman sur le frissonnant « Noy All Who Wander Are Lost ». Aspirant à une rupture en douceur dans « Breaking Up Slowly ». Autre thème central de son projet : son rapport à la célébrité qui continue de la ronger. Une blessure profonde qu’elle aborde subtilement dans cette même chanson. « The cameras have flashes, they cause the car crashes » comprenez « Les appareils photos ont des flash, ils provoquent des accidents » déplore-t-elle au sujet des paparazzis. Un monde de faux-semblant et jeu théâtral qu’elle avoue désormais jouer sur « Dark But Just a Game » parsemé de percussions.
Plus audacieux l’apaisant « Tulsa Jesus Freak » mêle religion et sexualité sur fond d’auto-tune léger.
Quand le remuant « Dance Till We Die » se détache un peu plus du reste de l’album par ses cuivres jazzy. Hormis quelques clin d’oeil discrets et nostalgiques à la pop culture, la chanteuse s’éloigne un peu plus de sa pop de ses débuts, préférant ce style plus rétro aux accents country folk. Explorant aussi de nouvelles facettes vocales de son timbre lancinant et identifiable. Clôturant son tournant comme suspendue par « For Free » en featuring avec Zella Day & Weyes Blood. Une reprise poignante d’une chanson de la renommée artiste folk Joni Mitchell, que Lana Del Rey n’aura pas de mal à égaler au panthéon des légendes.

En bref, si « Chemtrails over the country » ressemble sans surprise à du Lana Del Rey, derrière ses ballades intimes et envoutantes la chanteuse parvient à se renouveler sans brusquer son style ni sa personnalité si fascinante.

DROUIN ALICIA