Le centre Mughdusyan est un petit îlot bienveillant qui se trouve au cœur d’Erevan en Arménie. Né en 2014 à l’initiative de Mariam Mughdusyan, il accueille aujourd’hui près de 300 femmes et enfants auxquels il propose des cours gratuits, une réinsertion ou une simple main tendue.
Art Thérapie
Pour les enfants, cela se fait à travers l’apprentissage d’activités artistiques telles que la peinture, la musique, la poésie ou la poterie.
Pour ce faire, Mariam Mughdusyan partage avec cœur tous ses talents de peintre professionnelle. Quant à sa sœur Naïra qui dirige un ensemble vocal composé de cinq magnifiques cantatrices lyriques, elle apprend aux plus jeunes l’art du chant.
Chaque jour, elles se dévouent sans compter envers leur petite tribu en compagnie d’autres artistes bénévoles telles qu’Arminé Mélikian qui est céramiste.
L’aide aux réfugiés du Haut-Karabagh
Parallèlement à leur aide aux enfants les moins aisés, les sœurs Mughdusyan ont également décidé d’assister les populations du Haut-Karabagh et notamment les mères et veuves qui se sont retrouvées dans le besoin suite au conflit avec l’Azerbaïdjan en automne dernier. Ayant fui du jour au lendemain leurs maisons et leurs terres, la plupart de ces femmes ont été placées dans des abris de fortune avec leur progéniture sans aucune perspective d’avenir. Au Mughdusyan Art Center, elles apprennent à confectionner des objets artisanaux tels que des broderies qu’elles peuvent ensuite vendre afin d’avoir un petit revenu.
Une foule de projets
Mariam Mughdusyan déborde de projets et possède une humanité des plus désarmantes. Parmi les multiples causes qu’elle défend, elle a récemment consacré une série de peintures aux femmes atteintes du cancer du sein. Cette dernière exposition s’est déroulée à l’Artist Union House d’Erevan où elle a exposé une douzaine de toiles présentant des femmes amputées du sein mais dont la sérénité étonne.
En novembre dernier, en pleine guerre du Haut-Karabagh, Mariam a aussi conçu une performance lors d’un séjour à Toronto. Désemparée face à l’inaction des gouvernements internationaux, elle a décidé d’attirer l’attention des médias canadiens sur l’invasion des terres arméniennes par les Azéris . Nommée «Now in Artsakh : bloody laundry», sa performance a mis en scène des vêtements ensanglantés tendus sur des cordes à linge. A la fois poignant et pourtant si réel, cet événement public a fait couler beaucoup d’encre au point que Mariam a reçu des menaces pour la dissuader de son activisme.
De par sa dévotion, son tempérament et son engagement auprès des populations les plus déshéritées, Mariam nous fait inconsciemment penser à la figure de la romancière Zabel Essayan qui défendit son peuple autant que la cause féministe. Cette intellectuelle arménienne du siècle dernier est d’ailleurs devenue l’effigie de l’association Mughdusyan. Un exemple à suivre.
Florence Gopikian Yérémian
Photos : © Lydia Kasparian
Le Mughdusyan Art Center s’autofinance et ne reçoit quasiment aucune aide de l’Etat.
Si vous souhaitez les soutenir, visitez leur page Facebook : Mughdusyan Art Center
Mughdusyanartcenter@gmail.com
T. + 37499855977.
Nous vous invitons également à découvrir l’ensemble vocal de Naira Mughdusyan qui est un des seuls au monde à proposer un répertoire simultanément traduit en langue des signes : Nayrian Vocal Ensemble