Le musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne présente une exposition consacrée à Jean Otth. Pionnier de l’art vidéo, cet artiste vaudois étonne par la variété des supports et techniques qu’il a su exploiter dès le début des années 60. Par-delà les écrans TV et les diapositives projetées, il parvient à conférer un singulier érotisme à des images totalement dématerialisées.
Premières œuvres : une exploration de la peinture
Bien que Jean Otth se réclame de l’héritage classique, cet artiste avant-gardiste n’a jamais vraiment respecté l’approche traditionnelle de son école lausannoise des Beaux-Arts. Dès ses débuts picturaux, il a usé de spray à l’acrylique, de giclages ou de peinture au sable et s’est mis à décliner des paysages plutôt abstraits sur des miroirs, des supports de verre ou des bâches.
Un pionnier de l’Art Vidéo
Au début des Seventies, Jean Otth a très rapidement évolué vers un « Art vidéo ». Inspiré par ce nouveau medium dont il devient l’un des pionniers suisses, il démarre des séries déclinant de belles silhouettes féminines telles que Le portillon de Dürer ou l’Académie vidéo. Dans ces singuliers courts métrages, l’artiste s’amuse à retracer les contours de ses modèles qu’il recouvre ensuite de couleurs en jouant sur la saturation des teintes.
En dépit de la froideur des écrans télé, une sensualité évidente se dégage des créations de Jean Otth, notamment à travers sa Série de « vidéo-lasers » où il joue avec les possibilités techniques des caméras en se servant de leur sensibilité à la lumière et en exploitant leur latence : muni d’un pointeur laser, il s’amuse ainsi à créer des trainées lumineuses qui s’attardent sur l’image telles des caresses électromagnétiques.
Pudeurs
Il en va de même de la série « Pudeurs » qui date des années 2000. Cette fois, ce sont les corps lascifs de ses modèles qui deviennent le support de projections ou de taches de couleurs. Habillant et déshabillant ces silhouettes contorsionnées, Jean Otth laisse deviner leurs courbes via des jeux d’ombres et de lumières et exprime ainsi son désir du corps.
L’art de Jean Otth est un éternel dialogue entre la réalité et le virtuel où l’artiste jongle avec la lumière, les matières, l’image et le support. A travers une cinquantaine de ses œuvres, le Musée cantonal de Lausanne a réussi à proposer un survol très intéressant de l’univers avant-gardiste de cet artiste qui, avouons-le, frôle parfois le voyeurisme.