Art Paris ouvre la saison des foires au Grand Palais éphémère
Pour son millésime 2021, Art Paris a emménagé au sein du Grand Palais éphémère de Jean-Michel Wilmotte. Lançant la saison des foires, cette édition compte près de 140 galeries participantes en majorité françaises. Comme chaque année, voici notre sélection d’œuvres et d’artistes.
Commençons avec l’Opera Gallery qui demeure fidèle à ses classiques tant pour les créations en papier Hanji du sud-coréen Kwang-Young Chun que pour les sculptures en résine de Manolo Valdes (dont les Ménines ont orné l’avenue Georges V durant tout l’été).
Avide de nouveaux horizons, l’Opera Gallery met aussi en avant un triptyque intimiste du peintre suisse Andy Denzler : réalisés dans des tonalités monochromes, ces portraits de jeune fille balayés de lignes floues possède un côté spectral aussi beau qu’étrange qui nous rappelle certaines toiles distordues de Gerhard Richter.
On aime aussi l’immense tableau de Lita Cabellut : Black Madonna. La technique mixte particulière de cette artiste espagnole nous fait songer à de la fresque contemporaine : à mi-chemin entre une mosaïque effritée et une explosion de pixels, la silhouette longiligne de sa madone noire nous donne l’impression de se craqueler devant nos yeux.
Dans un registre plus contemporain, on est également envoutés par l’icosahedron d’Anthony James. Conçue en LEDs et miroirs sans teint, cette œuvre hypnotique plonge les spectateurs dans un univers aussi infini que captivant.
La Galerie Patrice Trigano propose à son tour un panel iconoclaste d’artistes. Il y a tout d’abord quelques bronzes patinés de Georges Jeanclos qui sont, comme de coutume, de petits bijoux.
On distingue ensuite toute une série de sublimes nus photographiques tirés en noir et blanc signés Lucien Clergue.
Et puis, on découvre un tableau monumental imaginé par le peintre hongrois Tibor Csernus où la maîtrise des lumières est aussi étonnante que celle des corps : dans cette œuvre sans titre, l’artiste parvient en effet à faire léviter ses personnages dans l’espace en jouant sur les raccourcis, la saturation des clairs-obscurs et la fluidité de son pinceau.
La Galerie Rabouan Moussion présente, quant à elle, de superbes clichés noir et blanc d’Erwin Olaf. SYMA News avait découvert cet artiste néerlandais lors de l’édition 2019 d’Art Paris à travers une série photographique sur l’American Dream.
Erwin Olaf décline aujourd’hui de splendides paysages de brume d’où ressortent des figures alternativement voilées ou dénudées.
Il en va ainsi de ces silhouettes sombres se découpant dans les vapeurs blanches d’une cascade ou de ces jeunes filles en niqab voguant sur des eaux grises aux côtés d’un homme tatoué. La majesté et l’atmosphère onirique qui se dégagent de ces tirages sont tout simplement époustouflantes ! Il faut préciser que derrière ces images mystérieuses se cache un travail de composition digne d’un cinéaste. En effet, Erwin Olaf est un érudit perfectionniste : qu’il s’agisse de maitrise esthétique, de réflexion sur la nature, de références aux toiles du XIXe siècle ou de mise en scène, cet artiste passionné parvient à créer de véritables peintures photographiques. On adore !
Autre hommage à la photo avec les clichés très colorés d’Alia Ali. D’origine yéménite et bosnienne, cette citoyenne américaine mène une réflexion sur l’identité et les frontières. Sa série « migrations » exposée par la galerie parisienne 193 présente des personnages aux visages cachés mis en scène dans des décors jouant sur des textiles et des vêtements qu’Alia Ali crée de bout en bout. Son talent photographique et ses scénographies ont déjà séduit le British Muséum qui a acquis deux de ses compositions. Alia Ali présente également un solo show à la 193 Gallery jusqu’à 24 octobre
La Galerie Françoise Livinec nous surprend de son côté avec cinq grandes acryliques de Marjane Satrapi. Connue pour sa bande dessinée Persepolis, cette talentueuse artiste nous livre une séduisante galerie de femmes iraniennes aux courbes harmonieuses et aux yeux fardés. Représentées dans des teintes vives de rouge et de noir, ces amazones aux lèvres ourlées possèdent une force étonnante qui traverse chacune des toiles.
Dans un tout autre genre, la singulière Kate MccGwire nous transporte dans un monde plus animalier. Depuis 2004, cette créatrice britannique a imaginé une sorte de bestiaire précieux où se déclinent des œuvres faites en plumes de pie, de faisan ou de corbeau. À la fois, élégantes, étranges et duveteuses, ses créations sont dignes d’un cabinet des curiosités. Elles sont présentées à Art Paris par la Galerie des Filles du Calvaire.
Un travail intéressant également avec la série Planétarium de Rose Barberat (Galerie Pact). Tout juste diplômée des beaux-arts de Paris, cette native du Jura présente ici sa première exposition personnelle. Essentiellement axée sur une narration picturale, elle décline de grands formats troublants aux teintes bleutées et diffuses où les personnages semblent figés dans une parenthèse temporelle.
Pour conclure, Syma News souhaite saluer une fois de plus la Christopher Cutts Gallery qui continue année après année à nous faire découvrir les œuvres incroyables du peintre chinois Xiao Guo Hui (voir nos articles sur Art Paris 2018 & 2020). Réalisées a tempera, ces toiles allégoriques n’ont pas fini de nous surprendre tant par leurs thèmes que par la technicité de l’artiste ! Bravo !
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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