Fine Arts Paris : un salon d’esthète aux allures de musée éphémère
Quatrième édition pour ce sublime salon parisien qui met essentiellement en avant la peinture ancienne et la sculpture à travers les oeuvres phares d’une cinquantaine de galeries. Un régal pour les yeux à savourer durant 6 jours avant que tout ne disparaisse chez des collectionneurs !
Installé au Carrousel du Louvre jusqu’au 11 novembre, Fine Arts Paris présente cette année cinquante-cinq exposants parmi lesquels se distinguent une douzaine de galeries étrangères. Nouveauté également, le salon s’étend à des disciplines comme les arts premiers, la joaillerie et les arts asiatiques.
Renaissance italienne et XVIIe siècle
Le salon s’ouvre avec la Galerie G. Sarti qui propose des œuvres allant de la période des primitifs italiens à la fin de la Renaissance. Entre un portrait de Sainte Catherine d’Alexandrie signé Lupicini et une Adoration de Rosselli, laissez-vous happer par le magnifique tableau de Tosini représentant Cléopâtre dans un style librement inspiré de Michel-Ange et de Vasari.
Art flamand et Maitres nordiques
La visite se poursuit auprès de la Galerie De Jonckheere qui nous offre comme toujours des merveilles flamandes ou allemandes à contempler de très près : entre un diptyque de Bouts, un lumineux portrait de Luther par Cranach l’Ancien, et une composition du Christ aux Limbes peinte par un suiveur de Hieronymus Bosch, on a tout simplement l’impression d’être au Louvre face aux primitifs nordiques.
La Galerie Florence de Voldère (dont nous avions parlée lors du Salon International du Livre d’Art) fait également honneur à ces grands maitres du Nord avec une scène de Noce de Brueghel le Jeune, un paysage de Jacob Grimmer et une étonnante représentation des saisons déclinée par son fils, Abel Grimmer, sur six petits tondi.
XVIIIe siècle
Avec les Galeries Didier Aaron & Cie et De Bayser, on voit se profiler des maîtres du XVIIIe siècle tels que Greuse ou François Boucher. Les amateurs de dessins à la pierre noire ou au pastel seront ravis de pouvoir dénicher un portrait de jeune femme ou une étude de Mars réalisée pour le tableau de la Wallace Collection “Mars et Vénus surpris par Vulcain”.
Une étude de tête d’homme de Jean-Baptiste Wicar présentée par la Galerie Eric Coatalem a aussi attiré toute notre attention tant par sa maitrise des lumières que par la beauté puissante et caractérielle qui émane de son protagoniste.
XIXe siècle
Le XIXe siècle est somptueusement présent sur le stand de la Galerie Talabardon & Gautier via des toiles de Meissonier (Le peintre à son chevalet), de Michel Garnier (Pommes de cajou) et une superbe scène de Maternité signée Henri Taurel (voir notre photo titre)
Malgré la cinquantaine d’antiquaires et de marchands d’Art présents sur ce salon, difficile d’atteindre le faste de la Galerie Steinitz : entre une multitude de statues de marbres et de pièces d’orfèvreries émergent une sirène antique, des vases Borghèse de la collection de Rothschild ainsi que deux bustes de figures asiatiques d’une rare beauté.
On aime également un portrait en pied d’Un jeune garçon avec un bilboquet signé Julien Bastien-Lepage : la Galerie Edouard Ambroselli qui l’expose vous propose, de surcroît, une mise en parallèle de l’huile finale avec son étude préparatoire.
Dans un style bien plus académique, on apprécie les nus de l’École Française accrochés par la Galleria dei Coronari. Ces huiles un peu statiques mais fort séduisantes nous donnent l’impression d’être littéralement plongés dans un atelier du XIXe siècle.
XXe siècle
La Galerie Charvet rend hommage à Lubin de Beauvais à travers des pastels et des aquarelles sur papier. Son vieillard auréolé de petits points aux couleurs chaudes est une pièce féérique qui évoque par certains aspects la douceur de Noël. Un très bel exemple de technique néo-impressionniste traitée à la gouache et au pastel.
Dans un tout autre style, ne ratez pas le portrait d’Henri Gervex mettant en scène une belle rousse à la peau nacrée se contemplant presque amoureusement dans son petit miroir.
La Galerie Enrico Frascione présente une ravissante composition aquatique de l’artiste italien Filippo Omegna (Voluttà). Cette déclinaison sensuelle de femmes aux corps laiteux sur fond bleu nous fait songer à des naïades antiques dont la beauté tortueuse nous rappelle l’esprit de Klimt.
La Galerie Mendes décline une série d’oeuvres de la peintre chilo-portugaise Aurélia de Sousa. Sa splendide figure de jeune fille composée dans tes tonalités ocres nous montre le merveilleux talent de portraitiste de cette artiste encore trop peu connue.
La Galerie Michel Descours met en avant plusieurs aquarelles de l’artiste suédois Oskar Bergman dont deux paysages miniatures d’une très grande finesse.
Elle expose également un immense diptyque signé Léonie Humbert-Vignot représentant des ouvriers du siècle dernier. À travers cette oeuvre poignante d’un rare réalisme se ressent toute la détresse des sans-travail et de ces ouvriers qui fuient une usine en feu.
Pour finir en beauté : révérence à la Galerie Tanayaka qui présente un élégant accrochage de rares estampes japonaises. Parmi ces pépites venues du Soleil Levant, ne ratez pas deux oeuvres exceptionnelles : une jeune femme se maquillant d’Itô Shinsui et une Femme à la coiffure de Torii Kotondo.
On vous le dit et on vous le répète : avec Fine Arts Paris, vous entrez dans le monde du sublime !
Florence Gopikian-Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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