Kaiju est un mot culte au Japon puisqu’il désigne les créatures géantes telles que Godzilla, énorme phénomène culturel d’après-guerre. Le mangaka Naoya Matsumoto s’empare du sujet pour donner une nouvelle vision de la guerre entre les humains et les bestioles géantes, et le résultat impressionne.
Kaiju n°8 montre un Japon en état d’urgence permanent. Pas à cause du COVID, mais parce que des kaijus attaquent des villes sans relâche. Les forces d’auto-défense sont constamment sur le pied de guerre, mais parviennent tant bien que mal à protéger la population. Le débonnaire Kafka n’a a priori rien du héros d’un shônen épique. Modeste employé d’une entreprise de démantèlement et de nettoyage des carcasses des kaijus, sa vie est transformée lorsqu’un tout petit kaiju le contamine. Il devient Kaiju n°8, un kaiju à forme humaine, mais conserve son âme.
Des héros fantastiques
Kafka va donc secrètement lutter contre les kaijus, et son nouveau rôle le pousse à entrer dans les forces d’auto-défense. C’est là qu’il va connaître les autres protagonistes du manga : Reno, le camarade de longue date, Shinomiya, la jeune chasseuse de talent, Sôshirô, le vice-capitaine blagueur et Mina, leader incontestée et amie d’enfance du héros. Tous ces personnages ont une personnalité marquée et un passé fort bien conté, ce qui fait que le lecteur s’attache immédiatement à eux. L’équilibre des intervenants est également remarquable, le casting est déjà bien utilisé sur les quatre premiers volumes.
Le design de l’auteur a aussi quelque chose de plus qui en fait un manga à part, à commencer par les couvertures magnifiquement colorées. Il y a également une touche d’émotion, voire de romance, puisque Kafka et Mina cherchent maladroitement à se retrouver des années après leur enfance commune. Mais entre le simple soldat en réalité kaiju et la capitaine, la route est longue et le lecteur est suspendu à ces retrouvailles inatteignables.
Une lutte aussi inégale qu’héroïque
Mais le principal attrait de Kaiju n°8 reste ses scènes de batailles. Il y a une dimension intrinsèquement épique à la David contre Goliath de voir les humains résister héroïquement (et vaincre) des kaijus cent fois plus grands qu’eux. Le sentiment de puissance est superbement communiqué dans ces pages où l’action est aussi dynamique que détaillée. L’apparition d’armes uniques plus folles les unes que les autres fait encore monter l’enthousiasme. Bien sûr, c’est sans compter les interventions grandiose de Kafka, alias Kaiju n°8, qui sauve la mise quand tout a l’air perdu. On ne compte pas les double-pages magnifiques. Suspense et surprises ne sont pas rares, à tel point qu’on est comme hypnotisé par le déroulement des évènements.
Inutile de chercher midi à quatorze heures, Kaiju n°8 a tout ce qu’il faut pour plaire. Ses qualités dans le design, l’émotion, l’action, l’humour même, sont tellement universelles que même le fan de manga le plus difficile ne peut qu’être conquis. La symbolique est purement fantastique, dans le dessin comme dans l’agencement des scènes, le charisme des personnages est rayonnant. Mais après tout, tout cela n’est qu’un enfoncement de portes ouvertes devant l’effervescence pour Kaiju n°8 : tirage record pour un manga dans l’hexagone, l’œuvre de Naoya Matsumoto conquiert la Bibliothèque Nationale de France avec un affichage gigantesque… digne d’un kaiju!
Kaiju n°8
Editeur Japonais : Jump Comics
Editeur Français : Kazé Manga
Genre : Action, science-fiction
Sortie Japon : 04/12/2020
Sortie France : 06/10/2021