Suite à notre premier regard sur La Biennale de Paris, SYMA News vous propose la suite de sa sélection.
L’esprit Françoise Livinec
Présente à Art Paris 2021 avec notamment une belle série d’acryliques de Marjane Satrapi, la Galerie Françoise Livinec expose cette fois une Sphinge de l’artiste franco-iranienne ainsi que de vibrantes pièces pointillistes de Thomas Andrea Barbey. A l’occasion de la Biennale, la galeriste continue sa quête de talents internationaux et met en avant une artiste coréenne à découvrir d’urgence : Hur Kyung Ae.
Hur Kyung Ae : une artiste en exploration
Née en Corée du Sud mais installée à Paris depuis une vingtaine d’années, cette jeune peintre fait partie du mouvement Dansaekhwa qui se caractérise par une exploration audacieuse des supports et des matériaux chromatiques. Aussi lumineux que vibrant, le travail de Hur Kyung Ae impressionne par l’authenticité et la sensibilité qui s’en dégagent. Défenseuse d’une peinture abstraite, elle parvient en effet à projeter ses sentiments et ses inspirations à travers un florilège de couleurs vives qui touchent délicieusement les sens.
Lorsque l’on contemple ses grandes toiles, on est préalablement séduit par l’intensité des pigments qu’elle utilise puis on se laisse happer par sa recherche sur la matière au niveau de la couche picturale : armée d’un couteau, la jeune artiste aime gratter, raboter et creuser la surface de ses oeuvres. Saignant ainsi ses toiles, elle en révèle l’intérieur, les reconstruit et leur confère une dimension supplémentaire qui enrichie notre perception visuelle. Vigoureusement raclées, ses compositions en deviennent tactiles et se parent d’une très grande force picturale qui irradie nos esprits.
Loïc Le Groumellec : une oeuvre qui frôle le sacré
Bien moins colorées que les toiles d’Hur Kyung Ae mais tout aussi lumineuses, les oeuvres de Loïc Le Groumellec sont une invitation au calme et à la méditation. Déclinées dans une palette quasi bichrome, elles nous attirent par leur grande pureté et le silence qui y résonne. Amoureux de sa Bretagne natale, cet artiste délicat réexplore l’histoire et l’iconographie de sa région à travers des images de mégalithes ou de petites maisons. Usant de tonalités grises et d’une technique particulière de laque sur toile, il apporte à ses compositions un aspect diffus et trouble qui les plonge dans une atmosphère quasi liturgique. En contemplant ses polyptyques où se confondent des symboles chrétiens et des lieux de culte païen, on se dit que l’on frôle le sacré et l’on s’élève.
Plutôt Fragonard ou Degas ?
Le stand de la Galerie Dreyfus a de quoi vous faire tourner la tête : véritable musée miniature, il vous autorise à côtoyer intimement des paysages de Corot, une clairière peinte par Courbet ou une demi-douzaine de tableaux d’Utrillo. Vous pouvez aussi vous attarder sur une étrange toile de Cézanne représentant deux jeunes enfants ainsi qu’une superbe rue de village réalisée par Gauguin dans un style difficilement reconnaissable. Enfin, si vous en avez les moyens, n’hésitez pas à vous offrir un charmant Fragonard (La Petite Jardinière – 1750/60 – 900.000€) ou même une délicate huile de Degas (Fillette portant des fleurs dans son tablier – 1860/62 – 1.500.000€). Quand on aime … on ne compte pas !
Merveilles from Bruxelles
Autre pépite de la Biennale : le stand Costermans & Pelgrims de Bigard. Entre ses superbes consoles Régence ou ses tables à gibiers parées de dorures, cette galerie bruxelloise met à l’honneur les Maitres flamands du XVIIe siècle. Parmi une multitude de petites huiles, attardez-vous sur Les Tentations de Saint Antoine de Brueghel le Jeune, une Allégorie du goût signée Frans Francken ou un paysage hivernal réalisé par Sebastien Vrancx. Prenez également le temps de scruter le superbe Panier de fruits de Johannes Bosschaert : entre les prunes et les raisins de sa nature morte, vous serez éblouis par la dextérité de ce peintre à représenter de fines libellules ou de grassouillets petits lézards.
Collection personnelle de Napoléon III
Tout aussi prestigieuse, la Galerie Segoura met en avant des oeuvres de Farré et Clairin croquant d’élégantes comtesses ou des actrices des Années Folles. Parallèlement à ces demoiselles fort aguichantes, elle expose avec faste un ensemble de toiles provenant de la collection personnelle de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie lorsqu’ils se trouvaient au Palais impérial de l’Elysée (1865-1870). Parmi ces pièces d’exception se distinguent de nombreux portraits ainsi qu’une série de panneaux du XIXe siècle peints par Schlesinger et figurant les cinq sens.
Quelques primitifs italiens
Si vous préférez l’art italien des XIIIe-XVe siècles, faites un tour du côté de la Galerie G.Sarti. Déjà présente au Salon Fine Arts Paris du Carrousel, elle est spécialisée dans l’art des primitifs et propose cette fois de très rares panneaux a tempera dont une Nativité du Maestro delle Anconette Ferraresi ornée d’un superbe choeur d’anges ainsi qu’un diptyque signé Andrea de Passeri représentant face à face Saint Ambroise et Saint Jérôme.
Un soupçon de XVIIIe siècle ?
Si vous aimez la peinture du XVIIIe siècle, la Galerie Eric Coatalem ne peut que vous faire rêver : entre une huile de Crespi peignant deux femmes d’une sensualité éblouissante, une magnifique tête de vieillard au bandeau bleu signée Subleyras et une toile de Perrin mettant en scène Hector, Pâris et Hélène de Troie, vous avez un avant-goût des propositions artistiques qui vous attendent sur leur stand.
Fashionista ?
Beaucoup plus contemporaine, la Galerie Alexis Pentcheff de Marseille rend hommage au talent d’illustrateur de René Gruau. Réputé pour ses affiches publicitaires, cet artiste italien est ici mis en avant à travers une exquise sélection de ses dessins de mode. On peut y dénicher de nombreux crayons sur papier mais aussi des encres ou des fusains esquissant des propositions pour Valentino ou pour la Maison Dormeuil. On peut également être charmé par deux grandes gouaches assez inattendues où René Gruau s’est amusé à caricaturer de façon très décorative un maharadjah rougeoyant et un imposant mandarin.
Le monde imaginaire de Charbonnel
Pour finir en beauté, ne ratez pas la sélection de la Galerie Bayart qui est particulièrement attachée à la promotion de la sculpture contemporaine monumentale. Sur son stand de la Biennale, elle propose un parcours des oeuvres de Christophe Charbonnel parmi lesquelles se distinguent un noble bronze de Saint Michel, un portrait tortueux de Poséidon ainsi qu’une immense figure de Cernunnos qui nous plonge avec puissance dans le monde énigmatique de la mythologie celtique.
Afin de répondre à ces personnages aussi lyriques que belliqueux, la Galerie Bayart a également paré son stand de toiles bichromes réalisées par Yoann Merienne : qu’il s’agisse de son Porte drapeau ou de sa figure d’Oradea, il est impressionnant de sentir à quel point les huiles de cet artiste nous terrassent. Déclinées en noir et blanc via un dessin sculptural et un traitement abrupt des fonds et des plissés, elles sont tout simplement d’une force majestueuse.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
La Biennale
L’art sous 4 angles : Beaux-arts – Antiquités – Design – Joaillerie
Grand Palais Éphémère
Champ de Mars – Paris VIIe
Du 26 novembre au 5 décembre
De 12h a 19h
Nocturne le jeudi 2 décembre jusqu’à 22h
L’oeuvre présentée en titre est de George Segal : Nude on a coach (Guy Pieters Gallery)
Photos : ©Florence Gopikian Yérémian