Kyo remet le contact. Quatre ans après son cinquième album, le groupe se partage « La part des lions » Un disque frénétique et vivant capturant l’urgence d’exister d’une jeunesse désenchantée mais pleine de rêves. Chronique musicale.
Une jeunesse frontale
Plus de 20 ans que Kyo stationne sur « Le chemin » du public. Une bande de garçons indémodable passant les vitesses sur l’autoroute de cette drôle d’époque. Accélérant enfin la cadence après des mois de patience pour faire rugir « La part des lions » qui sommeille en chacun d’eux. Un quatuor remodelé après le chassé-croisé entre Fabien Dubos et Jocelyn Moze. Prenant de plein fouet la morosité de la jeunesse actuelle en abritant à leur bord les racines rocks de leurs débuts. Une direction frontale et libre criante dés les premières notes de « Margaux, Omar, Marlow » chargé d’introduire les personnages centraux du projet. Un hit déchainant les passions à la façon d’un bal moderne de «Une fille, deux garçons, trois possibilités ». Trois destins liés amicalement à la manière faisant écho à toute une génération. Des vingtenaires en quête de sens, bien décidés à explorer le monde. Des amis testant leurs limites à la recherche d’une note d’espoir pour leur futur. Une histoire fil rouge des 12 pistes de l’album, résumée en 4 clips tournés à la manière d’un court métrage. Un feuilleton sentimental prolongé durant « Mon époque ». Un hymne exaltant sonnant l’heure de l’insouciance et d’un premier rapprochement sentimental entre Margaux et Omar sous le regard impuissant de Marlow. Un jeune garçon impulsif perdant le contrôle à bord d’un véhicule dans le dramatique épisode de « Quand je serai jeune ». Un premier duo historique entre Ben et Florian au cours duquel les deux copains tentent de gommer leurs erreurs de jeunesse à coup de riffs. « Quand je serai jeune je volerai dans les plumes, Je prendrai mon étoile et ma parcelle de bitume, Je t’empêcherai de prendre le volant, Un 3 décembre avec 3 grammes dans le sang » se désolent-ils. Clôturant leur vidéo en suspens pour laisser le champ libre aux interprétations du public. Avant de se relever dans le corps d’une jeune femme victime de sexisme et violences sur l’engagé « Stand Up ». « Mon coeur m’a dit lève-toi, Mon corps m’a dit tire-toi » clame Ben emprunt d’empathie. Prenant par la main tel un grand frère « Enfant de la patrie » chargé de recoller les morceaux d’un drapeau en lambeau. Un patriote engagé parti en éclaireur vers un avenir meilleur.
Des ainés rassurants
« La façon dont j’aime ce monde est tragique » manifeste le chanteur dans « Touriste en hiver » glissant de sonorités organiques. Des paroles défaitistes au nom de tous ces jeunes désabusés mais rêveurs à qui Ben envoie une « Comète » rassurante. Un moment doux et mélodique partagé avec la chanteuse belge Alice and the Roof, illuminant « Après minuit » les couleurs du ciel « noir indigo » décrit au commencement de l’histoire. « Je voudrais que tu vives comme tu rêves, Que tu marches comme tu danses, Seulement respirer le même air » souhaite Kyo qui songe à « Quitter la ville » pour diminuer sa sensation d’étouffement. Des citadins encore marqués par les attentats de « Paris » qui aujourd’hui arrivent enfin à poser des mots sur leur traumatisme. Déposant des roses noires pour recouvrir les coeurs d’amour et poésie. Clôturant leur élan de solidarité au balcon de « Mon immeuble » amusés par toutes ces anecdotes de vie demeurant universelles au fil des époques.
DROUIN ALICIA