Sophie Calle ressuscite les fantômes d’Orsay
Cette petite exposition conçue par Sophie Calle convie de façon mélancolique les fantômes du passé. Avec mystère et nostalgie, elle porte un regard sur l’hôtel parisien de l’ancienne Gare d’Orsay et nous livre la mémoire de ces lieux avant qu’ils ne soient transformés en musée…
La démarche de Sophie Calle est intéressante et se construit sur plusieurs années. En 1978, cette artiste conceptuelle a découvert par hasard les vestiges du Grand Hôtel-Palais d’Orsay et a décidé de s’y installer.
Durant plusieurs mois, elle a vécu dans ces lieux désaffectés et s’en est approprié les reliques. Élisant domicile dans la chambre 501 du dernier étage, elle a fouillé cette bâtisse en ruine et constitué un étrange butin : entre une poignée de clefs rouillées, des sonnettes-carillons et un drôle de manomètre, elle a ramassé des répertoires, des fiches-clients et pris des dizaines de photos.
Durant le confinement de 2020, ces trophées ont ressurgi d’outre-tombe et Sophie Calle a repris sa quête de traces et son cheminement mental. Décidant de confronter l’ancien hôtel d’Orsay au musée contemporain, elle a mis en place une exposition-retour en demandant à l’anthropologue Jean-Paul Demoule de commenter méthodiquement les pièces de cette singulière « collection ».
Il en résulte un accrochage particulier et un questionnement sur la mémoire qui slalome entre un jeu de piste et une exposition d’oeuvres ready-made. Au fil des photos et des objets re-trouvés, le visiteur erre à son tour dans cet univers perdu et ressuscite ainsi partiellement la vie de cet hôtel oublié.
La démarche est étrange, fantomatique et hors du temps mais elle peut séduire les amateurs d’art conceptuel et ceux qui aiment se promener au sein de maisons abandonnées …