Nouveau rugissement pour Aloïse « Sauvage ». Une lionne sortant de sa tanière pour porter un coup de griffe à ses déceptions personnelles et professionnelles sur ce second opus tantôt bestial tantôt doux comme un agneau. La renaissance mordante d’une féline combattive reprenant du poil de la bête. Chronique musicale.
Animalité mordante
Coupée en pleine ascension fulgurante par la crise sanitaire, Aloïse Sauvage est depuis passée par des « Montagnes russes » émotionnelles à bord du carrousel de la vie. « J’me cramponne à la barre (ouais ouais), J’suis championne, j’suis une barge (ouais), J’ai pas peur j’ai la rage et (ouais ouais), J’oublierais rien » martèle cette adepte de sensations fortes sur fond d’auto-tune assumé. Une artiste multi-casquettes chanteuse, danseuse mais surtout parolière toujours solidement accrochée à sa plume coup de poing et son flow frontal. Un univers punchy avec lequel cette électron libre tant dans l’énergie que dans la parole continue de frapper par K.O. Une ex circassienne en pleine renaissance redécollant fièrement vers de nouveaux objectifs. « Zone de turbulences, warning, fumée épaisse, Le moteur est cassé que fait-on des promesses, J’ai sauvé mon carnet avant que tout explore, Et j’y note les matins où je vois la vie en rose » secoue-t-elle sur «M’envoler » indiquant sa nouvelle trajectoire. Une métamorphose plus brute et directe encore entre force et fragilité. Un style « Unique » que cette personnalité singulière défend sur cet hymne d’acceptation de soi. Jouant le regard bien droit d’ androgynie sur la pochette de l’album laissant deviner ses tétons sous un marcel masculin. « J’étais une ado, maintenant je suis un cyborg qui danse en legging » ironise-t-elle dans « Pépite » poussant là encore à assumer ses différences. Une artiste pas seulement « Focus » dans un ego trip, n’hésitant pas à enfiler un « Crop Top » pour dénoncer harcèlement, agressions sexuelles et féminicides. « Non c’est non, c’est non, Est-ce que t’entends ?» manifeste-t-elle sur un refrain entêtant parfait pour passer le message. Une femme décomplexée à l’aise avec sa propre orientation sexuelle livrant une part de son intimité de manière crue sur les sensuels « XXL » et « Joli danger ».
Prédatrice et proie
Un incendie corporel n’étouffant pas pour autant la « Fumée » présente dans l’esprit d’Aloïse Sauvage. « Incendie dans ma tête, quand est-ce que ça s’arrête ? » se questionne-t-elle brûlée de doutes et tourments. Dans la continuité de « Soulages » évoquant la noirceur de son épisode dépressif. Une chanteuse encore marquée par sa redescente personnelle et professionnelle accélérée par une tournée troublée par la crise sanitaire. Si elle a changé d’équipe et quitté son label, l’interprète de « à l’horizontal » a ralenti sa chute non plus suspendue à un fil mais en baissant quelque peu la garde. Une ex circassienne jonglant entre beats hip-hop et sonorités plus organiques. Un équilibre sensibilité/brutalité au coeur du mélancolique « Love » sur lequel elle se libère d’une rupture soudaine. Un atterrissage tout en douceur débutant avec l’interlude « Demain » co-piloté par November Ultra. Suivi de l’intime « Aime moi demain » étouffant les derniers sanglots coincés dans sa poitrine. « J’fais d’la poésie avec mes nœuds » freine-t-elle une ultime fois bien arrivée au « Paradis ». « Le paradis c’est le présent pardi, Appuie sur pause, on s’dit merci, Le paradis c’est le présent pardi, Hier c’est mort, gloire à aujourd’hui » clôture-t-elle prête à profiter pleinement de ce nouveau voyage en compagnie du public.
DROUIN ALICIA