Le Musée Arménien de France attend sa renaissance
Lors de sa création en 1953, le Musée Arménien de France (MAF) occupait le rez-de-chaussée de l’Hôtel d’Ennery sur la prestigieuse avenue Foch. Conçu par des collectionneurs rescapés du génocide de 1915, il doit sa naissance au grand industriel Nourhan Fringhian qui encouragea alors les legs et les donations. En date d’aujourd’hui, le musée est fermé depuis près de 20 ans. Son actuel président, Frédéric Fringhian, est en quête d’un nouvel écrin pour y exposer de façon définitive l’une des plus grandes collections d’oeuvres arméniennes d’Europe.
Une exposition temporaire
L’espace d’une exposition à la galerie de l’ARP (Art Research Paris), son président actuel, Frédéric Fringhian, a fait ressortir un florilège de ses précieuses réserves.
Sélectionnant une quarantaine d’oeuvres parmi une foule de cartons dormant silencieusement dans des entrepôts, il a mis en lumière des huiles de Chahine, des sculptures de Mouradoff, des pièces d’orfèvrerie ou des miniatures du XVIIIe siècle.
Afin de dynamiser cet accrochage, Sonia Notton, directrice artistique du MAF a sollicité le peintre Guillaume Toumanian pour la conception d’une exposition faisant dialoguer des oeuvres traditionnelles du musée avec des créations contemporaines des artistes du projet MENK.
Regards croisés
Durant le mois d’avril, le 174 de la rue du Faubourg Saint-Honoré a donc été le siège d’une « renaissance muséale » où 21 artistes ont réinterprété avec verve et fantaisie certaines pièces des collections du MAF.
Il en va ainsi d’Edouard Wolton dont la toile “La montagne corail” donne une résonance surréaliste à une boucle de ceinture filigranée du XIXe siècle :
Raphael Tachdjian réinterprète au crayon et à la pierre noire une encre sur papier signée Krikor Chiltian (Capriccio – 1927) :
De son côté, Pascaline Marre propose un écho photographique (“La grenade”) à une nature morte de Zakar Zakarian :
Plus classique, Julien Lombardi s’amuse à faire converser un tirage argentique du Lac Sevan avec une aquarelle d’Aïvazovski :
Quant à Guillaume Toumanian, il décline trois variations paysagesques autour d’une marine d’Aïvazovski représentant la baie de Naples.
Vente aux enchères
Afin de clore cette courte résurrection du Musée Arménien de France, l’ensemble des 35 nouvelles créations vont être mises aux enchères par ARP ce jeudi 27 avril 2023 à 16h. Les bénéfices iront entièrement au profil des artistes. En complément de ces oeuvres contemporaines, le public pourra également acquérir trois pièces historiques issues de collections privées: “La Famille” de Jansem, “Les Pommes” de Tutundjian et “Extase” de Sergueï Paradjanov.
Quel devenir pour les collections du MAF ?
Par-delà cette vente et ce dialogue artistique, Frédéric Fringhian souhaite lancer un appel pour trouver un lieu d’exposition permanent aux 1200 pièces du Musée Arménien de France. Un nouvel écrin permettrait la mise en avant et la transmission de trois mille ans de civilisation arménienne allant de l’époque ourartéenne à nos jours.
À l’exemple du musée parisien du judaïsme qui fait dialoguer art et histoire, le MAF a besoin d’un lieu d’échanges et de mémoire présentant l’héritage artistique sauvé par les rescapés du génocide de 1915.
À une époque où l’Arménie et le Haut-Karabagh sont plus que jamais en péril, il y a urgence à faire revivre ce patrimoine ancestral et surtout à le préserver.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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