Éternel Mucha
Le Grand Palais Immersif accueille Mucha en grand large du côté de Bastille. Pour les amateurs d’interactivité, cette exposition propose une expérience sonore et visuelle intéressante à travers l’œuvre d’un des maîtres de l’Art Nouveau. Entre élégance et modernité, elle fait appel à nos sens et nous entraine dans une exploration où le dessin publicitaire se mêle à la mythologie slave tout en nous montrant l’influence impressionnante de Mucha sur les artistes d’aujourd’hui.
Un Maitre de l’affiche
Mucha fut sans conteste l’un des pionniers de l’art publicitaire. Au début de la Belle Époque, cet artiste né en Moravie réussit, en effet, à inventer un nouveau langage pictural et typographique qu’il impose à travers des centaines d’affiches se diffusant dans les rues de Paris et de l’Hexagone.
Devenu l’illustrateur favori de la grande Sarah Bernard, il conçoit les affiches et même certains costumes de ses spectacles phares tels que Gismonda, Lorenzaccio ou La Dame aux camélias. Croulant sous les commandes, Mucha s’amuse aussi à créer des panneaux décoratifs plus traditionnels à l’exemple de ses célèbres quatre saisons.
La première partie de l’exposition du Grand Palais Immersif nous laisse contempler sur un écran géant toutes ces figures féminines un peu doucereuses que Mucha aimait tant idéaliser. Durant une trentaine de minutes, on se laisse séduire par le défilé de ces femmes élégantes aux longues chevelures qui évoluent dans des décors floraux et féeriques.
En quête d’une épopée slave
Au cœur de ce kaléidoscope mêlant sensualité et art nouveau, apparaissent aussi des œuvres moins connues de Mucha qui nous rappellent que cet artiste a décoré le pavillon de Bosnie-Herzégovine durant l’Exposition Universelle de Paris en 1900.
Les compositions picturales de cette période sont étonnantes de puissance et préfigurent le cycle monumental de son Épopée Slave que l’on peut admirer en détail. À travers une série de vingt toiles, Mucha a retracé l’histoire du peuple slave de façon poignante : depuis les origines jusqu’à la première guerre mondiale, il a conçu et imaginé des scènes historiques et mythologiques pétries d’un fier nationalisme où se croisent des princes byzantins, des envahisseurs turcs et des rois de Bohème.
L’éternelle influence du style Mucha
Mucha a non seulement marqué son époque grâce à son style novateur et sa maîtrise des couleurs, il a aussi influencé des centaines d’artistes du XXe et XXIe siècle. Son approche très graphique et son imaginaire flamboyant ont nourri de nombreux peintres aux quatre coins de la planète mais également des dessinateurs de mangas, des illustrateurs d’héroic fantasy, des tatoueurs émérites ainsi que des cinéastes.
La dernière partie de l’exposition se concentre sur les créations de cette nouvelle génération à travers une sélection de comics, de films ou de vidéos: entre les shojo mangas d’Akiko Hatsu et les magnifiques compositions de Yoshitaka Amano pour Final Fantasy, le spectateur est invité à déambuler dans un couloir de kakémonos où des affiches 70’s de concerts psychédéliques côtoient les décors de la série Netflix Arcane qui s’inspirent entièrement de l’univers du maître slave.
Par delà les jeunes filles un peu mièvres si souvent déclinées par Mucha dans des teintes pastel, cette exposition « immersive » offre l’occasion de découvrir la richesse graphique d’un peintre épique dont l’influence n’a pas fini de se propager.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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Éternel Mucha
Du 22 mars au 5 novembre 2023
Grand Palais immersif
110 rue de Lyon
Paris 12e
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