Tacita Dean : A Question of Time
L’exposition « Avant l’orage » se poursuit à la Bourse de Commerce avec une nouvelle invitée : Tacita Dean. Très éclectique, cette artiste britannique utilise un large éventail de médiums allant du dessin à la vidéo en passant par la photographie retouchée.
Quels que soient ses supports, Tacita Dean mène une recherche sur le temps et sa fragilité qu’elle conjugue à travers des souvenirs et une multitude d’images.
Geography Biography
Prenant la place de Danh Vo au sein de la Rotonde, son installation principale met en scène des archives personnelles qu’elle projette au coeur d’une structure circulaire. Rejetant les anciennes fresques colonialistes qui ornent la coupole de la Bourse de Commerce, elle y répond en proposant un cheminement vidéo autour de sa propre existence. Intime et déstructuré, ce film intitulé « Geography Biography » est trop énigmatique et demeure vraiment opaque si l’on ne connait pas le parcours de Tacita Dean.
Les quatre saisons
Il en va tout autrement de son tableau nébuleux (Foreign Policy) et de ses superbes compositions présentées en Galerie 2 autour de la thématique des quatre saisons.
La première est une pièce monumentale tracée à la craie qui représente un glacier et fait référence au tableau romantique de Caspar D. Friedrich, The Wreck of Hope. Réalisée en août 2022, cette création sur tableau noir confronte des temporalités variables : Tacita Dean montre que malgré l’évolution très lente qui a donné naissance aux glaciers, ces derniers sont en train de fondre à une vitesse alarmante. Afin de souligner cet aspect éphémère et obsolescent, l’artiste a volontairement refusé de protéger son oeuvre crayeuse avec du fixatif pour que son dessin puisse disparaitre à son tour au fil des années. Fond et forme se répondent ainsi.
En continuité de cette composition hivernale, Tacita Dean fait surgir deux cerisiers du Japon pour évoquer le printemps. Pris en photo lors de son séjour en pays nippon, ces merveilleux “Sakura” étendent leurs branches ancestrales sur plusieurs panneaux de papier. La particularité de ce diptyque tient au fait que l’artiste a recouvert de crayon blanc l’ensemble du paysage afin de faire ressortir et magnifier ces arbres sacrés qui traversent les siècles. L’un d’entre eux est d’ailleurs le plus vieux cerisier du Japon et symbolise à lui seul la thématique du temps qui passe si chère à Tacita.
La saison estivale se déploie à travers de petites oeuvres aux couleurs vives. Déclinées sous la forme de cartes postales, elles font chacune référence à des lettres de vacances envoyées par les amis de l’artiste. Optant pour une approche synesthésique, Tacita Dean réinterprète leurs textes et transforme l’écriture en dessins abstraits offrant ainsi au public un mélange d’émotions chromatiques et de sensations chaudes.
Pour terminer ce cycle des saisons, quatre gravures font écho à la chute des feuilles mortes en automne. Cette série délicate aux tonalités grises explore le processus d’usure et met en scène le temps de la disparition. Elle clôt ainsi la réflexion obsessionnelle de Tacita Dean sur la précarité des choses et des hommes.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
Tacita Dean
Dans le cadre de l’exposition « Avant l’Orage »
Bourse de Commerce – Pinault Collection
2, rue de Viarmes – Paris Ier
Ouverture du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
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Retour sur la première édition de l’exposition “Avant l’Orage” : Part. I