Les déesses noires de Tommy Mitchell
Tommy Mitchell est représenté par la galerie californienne Band of Vices. Né en Virginie, ce jeune artiste américain s’est spécialisé dans l’art du portrait qu’il décline au fil de ses rencontres et de ses amitiés.
Lors de la Foire parisienne d’Art Contemporain Africain 2023 (AKAA Fair), il a exposé une série de figures féminines mettant en avant toute une palette de coiffures afro. Entre une chevelure “nuageuse”, un crâne minutieusement sillonné de tresses et une petite fille couverte de chignons bun, ses variations capillaires nous font songer à la série Hairstyles de la photographe nigériane Okhai Ojeikere.
Semblables à des déesses noires, les modèles de Tommy Mitchell possèdent une puissance silencieuse et un calme intérieur qui se diffusent au-delà de la toile. Qu’elles soient pudiques les yeux baissés ou qu’elles nous toisent fièrement derrière des lunettes rouges, il émane de ces femmes une majesté accentuée par le minutieux travail d’ombres et de lumière de l’artiste.
Jouant sur les contrastes, Tommy Mitchell surexpose leurs visages qu’il ponctue de zones très lumineuses tandis qu’il floutte au contraire leurs cheveux denses et crépus. Afin de souligner la finesse de leurs traits, il ne met en couleur que les vêtements ou les accessoires de ces dames et se contente de teintes blanches ou grises au niveau de leurs figures.
il en ressort des portraits d’une beauté stylisée qui captent nos regards à travers leurs fronts lissés, leurs lèvres ourlées ou la brillance de leurs pupilles.
Un très beau travail à suivre de près.
Interview avec Tommy Mitchell
Après avoir exposé en Floride, à New-York et en Californie, Tommy Mitchell était pour la première fois à Paris lors de la Foire d’Art Contemporain Africain (AKAA 2023) en octobre dernier. SYMA News l’a rencontré au fil des allées.
Florence Gopikian Yérémian : Quelle est votre technique ?
Tommy Mitchell : Depuis mes débuts, j’utilise essentiellement le stylo bille et les feutres de couleur. J’aime travailler d’après photo car je suis attaché aux détails et ça évite à un modèle de s’assoir pendant des heures le temps que je peaufine mon dessin.
Êtes-vous autodidacte ?
Absolument. Je me suis formé avec You Tube et différents tutoriels. Je me suis dit qu’en cumulant plusieurs formations en ligne et en travaillant beaucoup, je pourrais apprendre autant qu’en école en allant plus vite et en dépensant moins. C’est une approche alternative, pas vraiment académique, mais il faut savoir être ingénieux à notre époque.
Vous semblez essentiellement intéressé par l’art du portrait, avez-vous peint le votre ?
Je dessine beaucoup mais je trouve que le portrait reste la clef de voute d’une oeuvre d’art. C’est complexe et profond. Concernant mon autoportrait, j’en ai fait un effectivement, mais il est de dos ! 😉
Quels sont les artistes contemporains que vous appréciez ?
C’est très varié : j’aime les oeuvres vibrantes d’Erik Jones, les abstractions de Bob Hendriks ainsi que les graffiti pop du street artiste Pose. J’admire aussi Kehinde Wiley qui a peint entre autres le portrait de Barack Obama. Je n’affectionne pas un style précis car j’ai un esprit assez dispersé qui aime se frotter à plusieurs influences.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
AKAA Fair
Octobre 2023
Grand Palais Ephémère – Paris
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