La galerie De Jonckheere illumine la Biennale de Paris
Ambiance feutrée et toujours aussi raffinée pour la nouvelle édition de Fine Arts La Biennale qui se nomme à présent FAB Paris. Installée dans son écrin lumineux du Grand Palais Éphémère, cette prestigieuse foire regroupe cette année près de 110 galeries et propose un parcours hors les murs dans certains musées.
SYMA News vous invite à découvrir quelques pépites de la Galerie De Jonckheere qui regorge, comme de coutume, de merveilles.
Les diableries de Hieronymus Bosch
Cette année, deux œuvres issues de la tradition de Hieronymus Bosch nous ont séduites.
La première est une Tentation de Saint Antoine (École de Bosch) qui reprend le fameux triptyque du Musée des Beaux-Arts de Lisbonne. Provenant d’une collection privée, elle est constituée de deux panneaux qui déclinent toute l’inventivité du peintre flamand. À mi-chemin entre art sacré et profane, on peut y voir le personnage de Saint Antoine rossé par des diables ou priant dans le ciel sur le dos d’une créature démoniaque. Face à une procession d’ecclésiastiques, des ivrognes coiffés d’entonnoirs et des démons célestes chevauchant des poissons volants, on se régale à examiner ces scènes truffées de métaphores qui oscillent entre le macabre et le burlesque.
Dans la même veine, on peut aussi tenter de déchiffrer un autre panneau réalisé au XVIe siècle par un suiveur de Bosch. Issu également d’une collection privée ce Christ aux Limbes existe en plusieurs versions mais le tableau original de Hieronymus a apparemment été perdu.
Le panneau décrit un épisode tiré de l’évangile apocryphe de Nicodème relatant la descente du Christ aux Enfers : cape au vent et brandissant son étendard à croix rouge de la Rédemption, le fils de Dieu doit faire face à une cohorte de damnés retenant avec force la porte des Limbes. Dans cette scène cauchemardesque regorgeant de figures allégoriques, se distinguent aussi une tête gigantesque dévorant les pécheurs ainsi que des suppliciés aux corps sinueux et dénudés. Un régal à décrypter !
François Clouet, le portraitiste des rois de France
De la même époque mais d’un tout autre style, la Galerie De Jonckheere présente un portrait de Charles IX attribué à François Clouet. Fils de Jean Clouet, cet artiste a été l’un des protégés de Catherine de Médicis et le portraitiste officiel de quatre rois de France : François Ier, Henri II, François II et, enfin, Charles IX. Plusieurs tableaux représentent ce dernier souverain dont une huile sur bois se trouvant aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum de Vienne, une œuvre peinte en pied au Musée du Louvre et une série au Musée Condé de Chantilly. Le portrait exposé à FAB Paris est daté de 1561 et conserve le cadrage à mi-corps et de trois quarts propre à François Clouet. Débordant de finesse et d’une élégante sobriété, il parvient à saisir la psychologie du modèle et à retranscrire la santé fragile de ce jeune roi mort prématurément d’une affection pulmonaire à l’âge de 23 ans.
Le concert des oiseaux de Brueghel
Retour en région flamande avec une tout petit tableau de Jean Brueghel Le Jeune. Daté du XVIIe siècle, ce somptueux concert d’oiseaux représente une allégorie de l’ouïe. Entre un drôle de hibou, des bécasses des bois, de charmantes mésanges et une flopée de perroquets, l’artiste décline à travers une multitude de couleurs les plumages et les morphologies de ces étonnants volatiles. Un panneau idéal pour orner un traité d’ornithologie.
Le Maitre Au Feuillage Brodé
Tout aussi lumineux, le tableau du « Maitre au Feuillage Brodé » nous laisse admirer Adam et Ève dans le Jardin d’Éden. Actif à la fin du XVe, ce peintre flamand est connu pour ses Vierges à l’enfant et ses Vierges en majesté. Son surnom lui vient du traitement particulier de ses feuillages qui nous fait songer à une juxtaposition de points de broderie. Malgré la symétrie et la rigidité de poses de ses personnages, sa composition demeure très séduisante et vibrante grâce aux arbres et aux différentes variétés de fleurs qui foisonnent autour d’Adam et Ève. On apprécie également son sens du détail, son rendu des corps ainsi que son attachement aux symboles propres aux œuvres du Moyen-Âge.
Une Magdalena angélique …
Finissons en beauté avec un panneau d’Adriaen Thomasz Key découvert à Sens au XIXe siècle. Inscrit à la guilde de Saint-Luc d’Anvers, ce peintre flamand est connu pour son art du portrait qui se caractérise par une extrême précision. Sa représentation de Marie Madeleine (dite aussi La Reine Artémise) est un pur ravissement : par le biais de sa peau nacrée, de son sein laiteux et de sa coiffe aux boucles d’or, Adriaen Thomasz Key confère à la pécheresse repentie une pureté quasi angélique. Virtuose dans le rendu du voile translucide ou de la dentelle corail, ce peintre méticuleux nous transporte aussi par la finesse du pot à parfum qui est l’un des attributs iconographiques de Magdalena destiné à oindre le Christ.
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
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Fine Arts La Biennale – Paris
Du 22 au 26 novembre 2023
Grand Palais Éphémère
2 place Joffre – Paris 7e
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Pour plus d’informations : Galerie De Jonckheere
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