Chez les Armanet la musique est une histoire de famille. Tandis que la fille Juliette poursuit son ascension, elle transmet la flamme à son père Jean-Pierre. Musicien qui concrétise enfin cette même passion après des années de travail en visant les « Nuages » avec son tout premier album d’inspiration classique.
Tel père telle fille
Il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Jean-Pierre Armanet aura lui attendu 73 ans pour avoir son nom sur son propre disque. Un véritable accomplissement pour ce compositeur qui a passé une grande partie de sa vie les doigts sur son clavier. Instrument qu’il a pu apprendre dés son plus jeune âge comme bon nombre d’enfants de l’époque qui grandissaient au sein d’une famille d’intellectuels. Plus qu’une simple tradition, il y a trouvé une véritable passion et même une vocation. Ce qui ne l’a pas empêché d’exercer bien d’autres professions comme libraire, documentaliste ou professeur de lettres. « ça ne se faisait pas » se justifie-t-il d’avoir attendu si longtemps pour se lancer en raison de sa classe sociable et des mentalités qui étaient encore loin de l’ère actuelle des réseaux sociaux et télé-crochets. Un prodige formé d’abord au classique passé ensuite par « l’American School » de Paris, pour ouvrir son oreille à des harmonies plus jazz. À son actif déjà, quelques pièces pour le cinéma mais surtout la mélodie de « Sauver ma vie» avec lequel il berçait sa fille Juliette Armanet. Composition qu’elle a depuis mise en paroles et transformé enun tube célébrant l’urgence de vivre pleinement en totale liberté. C’est justement le succès et soutien de cette dernièrequi l’a motivé à reprendre ses partitions. « Depuis que je suis née ou presque, je joue du piano avec mon père. D’abord sur ses genoux, puis à ses côtés… C’est à lui que je dois mon amour pour cet instrument » confie-t-elle d’ailleurs sur ses réseaux sociaux, témoignant « Des heures entières, de jour comme de nuit » où elle l’a entendu « jouer, inarrêtable » avec profondeur sans jamais abandonner.
L’envol d’un musicien né
Une fan de la première heure qui l’a aidé à prendre confiance en lui ainsi qu’en son art. Et même qui lui a prêté son micro le temps d’un duo piano-voix sur la scène du Festival 1001 Notes à Limoges en juillet 2022. Un moment suspendu qui a touché en plein coeur Albin de La Tour, fondateur de l’évènement qui a alors soufflé l’idée d’un album à Jean-Pierre Armanet. Un peu plus d’un an plus tard revoilà donc le compositeur en plein décollage vers les « Nuages ». Un grand voyage d’inspiration classique loin du territoire pop disco de sa fille. Un disque aérien à la fois percussif et lyrique. Une symphonie harmonieuse sur laquelle s’accordent ses influences classiques et contemporaines mais aussi des notes de jazz et même afro-américaines. Une envolée en 13 escales passant par la frénésie des grandes villes, au retentissement des batailles sur les plaines d’Ukraine, en passant par les fourmillements d’une colonie de petits insectes et même jusqu’à la pesanteur de la planète « Mars ». Avec au sein de son orchestre de prestigieux musiciens. Entre autre les pianistes Dana Ciocarlie à quatre mains devant l’envol gracieux du «(Le) grand aigle » et Guilhem Fabre, l’accordéoniste Vincent Peirani ou percussionniste Adélaïde Ferrière. Sans oublier aux crédits Juliette Armanet qui pose sa voix en anglais sur le titre « The Stranger » aux influences jazzy en souvenir du temps où s’est forgé son timbre avec son ainé. Mais aussi sur une version épurée piano-voix de son fameux « Sauver ma vie » bouclant la boucle d’un accord parfait.
DROUIN ALICIA