Il ne chantera plus jamais. C’est en tout cas le vœux qu’a fait Serge Lama en soufflant sa 81ème bougie ce dimanche depuis le plateau de « Vivement dimanche ». Un anniversaire symbolique pour ce grand artiste qui a déballé de précieux souvenirs et célébré au passage sa sortie de scène en compagnie de son ami Michel Drucker.
Une pile de souvenirs et succès
« Tu ne peux pas quitter un métier comme le mien sans avoir une petite pointe au coeur ». Surtout après soixante ans dans la lumière. Une longévité spectaculaire pour Serge Lama qui a décidé d’éteindre son micro avant de chanter au ralenti. « Je ne veux pas me montrer au public assis, accroché à des choses parce que j’ai mal partout. Je veux pas faire ça » a-t-il confié depuis le célèbre canapé de Michel Drucker non pas sans émotion. Une émission spéciale diffusée ce 11 février 2024, jour de ses 81 ans. Une petite fête placée sous le signe de la retrospective qui a déroulé le film de sa vie via quelques confidences et images. À commencer par la naissance de Serge Chauvier de son vrai nom en 1943 qui a échappé de peu à une bombe. Un rescapé dont on peut littéralement dire que les fées se sont penchées sur son berceau. Devenu un magicien des mots et interprétations aux multiples succès. Une vocation pour ce fils de chanteur d’opérette bercé par les airs du répertoire lyrique et les classiques de Luis Mariano. Un artiste né qui a signé ses premiers textes à tout juste 11 ans, dont sa première chanson. Même si ce n’est que dix ans plus tard que son premier disque sera mis en rayon. Un étoile de la variété française qui « D’aventures en aventures » a enchaîné les épreuves personnelles et succès. Dont cet incontournable de sa discographie hommage à Liliane Benelli, sa fiancée tuée en 1965 dans un accident de voiture, qui lui a abîmé le corps et le coeur. Parmi ses autres chagrins d’amour sa relation secrète terminée dans la douleur avec Michèle Potier qui lui a inspiré « Je suis malade », devenu le titre le plus emblématique de son répertoire. Ou plus léger « Les P’tites Femmes de Pigalle » comme remède à l’adultère qui aujourd’hui n’aurait certainement pas le même écho. « On ne peut plus rien dire » regrette l’interprète de « Femme, femme, femme » désormais heureux aux côtés de Luana épousé en 2021. « C’est mon soleil de tous les jours, c’est grâce à elle que je suis si brillant » a-t-il déclaré. Autre personne qui le fait palpiter depuis 43 ans, son fils Frédéric. « Il ne se rend pas compte à quel point il compte pour moi. J’essaye de respecter une façon qu’il a d’être mais je veux qu’il sache que je l’aime beaucoup, plus que beaucoup » a-t-il ouvert son coeur avec sagesse et toujours autant de poésie.
Ecriture d’une fin de carrière
« Les poètes, vois-tu, sont des oiseaux en cage, Qui déchirent des coeurs pour s’offrir des orages » déployait-il en 2003 dans « Les Poètes ». Des mots aujourd’hui plus que jamais de circonstances pour cet artiste bien décidé à voler vers de nouveaux horizons. « Je ne manquerai pas, je ne reviendrai pas, je ferais des faux adieux » a-t-il affirmé sûr de sa trajectoire. Une sortie de scène par la grande porte pour cet interprète et parolier à la plume d’or qui a entre autre offert « Jusqu’à l’ivresse » à Vincent Niclo. « Tu sais ce que tu représentes pour moi… Tu m’as tellement appris, tu m’as écrit de belles chansons » l’a d’ailleurs remercié le ténor. Au milieu d’une pile de messages d’amour d’Isabelle Boulay,Lynda Lemay, Patrick Sébastien, Pascal Obispo ou Mathilde Seigner elle aussi « complètement fan de ton (son) immense talent de chanteur et textes ». En plus d’une standing ovation des spectateurs invités au studio. Sans oublier une petite vidéo de Nikos Aliagas qui a eu l’honneur d’assister à des duos historiques à chacune de ses venues sur le plateau de la « Star Academy ». Dont « Je suis malade » en saison 3 avec Sofia Essaidi qu’il a retrouvé plusieurs années plus tard dans « Champs-Elysées » autour d’une reprise de « Je t’aime à la folie ». Un amoureux de la vie et de la musique qui, bien qu’ayant connu des figures historiques comme Brel ou Barbara, n’hésite pas à tendre le micro à la nouvelle génération,entre autre Orelsan dont il avoue apprécier l’oeuvre. Et qui pourquoi pas même pourrait écrire pour d’autres, même si d’après lui sa prose « n’intéresse plus beaucoup de monde ». Un brillant auteur à qui il reste donc bien des pages à lire et écrire, et même pourquoi pas un ultime disque en son nom mais où il parlerait.
DROUIN ALICIA