Hommage à Grzegorz Rosinski
Vingt ans après l’exposition parisienne de la Conciergerie, la ville de Varsovie rend hommage à Rosinski au sein de l’ancien Palais du Peuple construit par Staline. À travers des centaines d’illustrations originales mais aussi des huiles et des esquisses, la Pologne redécouvre enfin l’enfant du pays.
Ses débuts en Pologne
Grzegorz Rosinski a vu le jour en Pologne durant la seconde guerre mondiale mais ce n’est que très récemment que ses bandes dessinées ont conquis sa terre natale. L’auteur de Thorgal mais aussi de Hans ou du Grand pouvoir du Chninkel, a démarré son apprentissage à 14 ans au sein de l’École des Beaux-Arts de Varsovie. Dans les années 60 le régime soviétique n’appréciait guère le medium de la bande dessinée et les professeurs de Rosinski ne voyaient pas d’un bon œil son attrait pour l’Heroic Fantasy.
Amateur d’humour et de satire, il a donc démarré avec des livres pour enfants ou des pochettes de disque. Parmi ses premières planches exposées cet été au Palais de la Culture et des Sciences, se distinguent aussi des westerns et des caricatures mais ce sont surtout ses dessins portant sur la guerre et l’occupation allemande qui se détachent de cette période. Pétris de violence et de noirceur, ces oeuvres montrent la destruction de Varsovie, elles évoquent les arrestations en masse et grouillent de silhouettes nazies ou de prisonniers.
Parallèlement à cette critique de l’oppression, Rosinski a aussi réalisé de nombreuses planches mettant en scène des classiques de la littérature occidentale allant de L’île au Trésor à Jacques le Fataliste en passant par le livre de Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers.
Passage à l’Ouest
Par la suite, Rosinski a apporté sa contribution aux rares magazines polonais de science-fiction existant dans les Seventies : Relax et Alpha. Et ce n’est en 1972 qu’il met pour la première fois le pied en France. Passé le rideau de fer, Rosinski fait enfin la connaissance de grands auteurs de bandes dessinées et il commence à collaborer avec des magazines comme Spirou, Tintin ou d’autres revues belges.
Évoluant parmi les grands maîtres du IXe Art, à l’exemple de Franquin ou de Peyo, Rosinski commence à apporter une touche de réalisme à la BD et déploie son talent novateur dans le traitement des chairs et des textures.
La naissance de Thorgal
Sa rencontre avec Jean Van Hamme va donner naissance à Thorgal qui sera publié pour la première fois dans le magazine Tintin. Comme chacun sait, ce fougueux Viking va connaitre un succès universel et chacun de ses albums va se vendre à des milliers d’exemplaires.
Viennent ensuite de belles sagas avec le personnage futuriste de Hans, puis celui du Chninkel qui revisite avec beaucoup de profondeur les mythes de l’humanité à travers le parcours d’un anti-héros.
Suivront enfin La Complainte des Landes perdues puis La vengeance du Comte Skarbek en 2004.
En date d’aujourd’hui, Rosinski coule des jours paisibles en Suisse dans le petit canton du Valais au sein de la villa Rosa. Grace à son fils Piotr qui organisent des expositions, ses œuvres originales continuent de parcourir le monde pour le plus grand plaisir de tous ses fans. Quant à Thorgal, il a atteint son 71e album et l’an dernier la série “Thorgal Saga” a vu le jour. Même si en 2018 Rosinski a cédé son rôle de père à d’autres dessinateurs, la légende continue !