Opération reconquête pour Kendji Girac. Un chanteur visant à nouveau le sommet des charts avec « Vivre ». Un album aussi solaire qu’émouvant, revenant sur sa récente descente personnelle ainsi que les motivations qui l’ont poussé à se relever pour prendre une nouvelle trajectoire. Chronique musicale.
Un virage plus intime et émouvant
Il en faut peu pour être heureux. Pourtant avec ses millions d’albums vendus, Kendji Girac ne semblait pas l’être pleinement. Ce qui a poussé le chanteur a revoir sa feuille de route avant d’écrire une nouvelle page et surtout de la projeter sous le feu des projecteurs. Mais une chose n’a pas changé, l’accord parfait avec son public, qui d’un revers de main lui a pardonné sa fausse note. À savoir un tir par balle sur lui-même sous l’emprise d’alcool et stupéfiants. « Pardon si j’ai préféré, Me détruire, Quitte à risquer d’abîmer, Mon empire » s’excuse-t-il d’entrée de jeu sur le lead single « Si seulement… » en reprenant les commandes de son navire. Une douce ritournelle sous forme de mea culpa donnant le ton de « Vivre ». Plus qu’un énième album, un disque symbolique résonnant comme une véritable renaissance. « Regarde moi, En repenti, Prends ma main, Me voilà ton homme pour la vie, Oh j’ai changé changé » confirme-t-il sur «J’ai changé » à l’attention de ses fans mais avant tout de sa compagne, à travers les paroles de Vianney. Un artiste qui a écrit cette chanson ainsi que cinq autres titres, sans savoir si un jour son ami serait en capacité de les interpréter. « Tu forces l’admiration… Merci pour la leçon de résilience et l’homme que tu as toujours été » lui a-t-il d’ailleurs adressé sur ses réseaux sociaux. Et c’est justement de résilience qu’il est question dans le profond « Le choix ». « J’ai fait semblant, D’être au bon endroit » regrette-t-il de s’être perdu dans son mal-être. Une ode malgré tout à l’espoirinvitant à rester soi-même pour surmonter les épreuves et avancer « Comme avant » mais en mieux. « Recommencer, Pour mieux tout te donner » promet-il sur cette douce ballade berçant les coeurs écorchés par une dispute conjugale. Avant de rester sur le chemin de l’émotion via le percutant « Pourquoi » co-signé cette fois par Louane et son compagnon P3gase. « Pourquoi ça ne s’efface pas, Je le sens, Comme avant » clame-t-il sur cette chanson aussi douce que puissante d’une voix plus mature et nuancée. Un artiste prenant un virage plus intimiste, n’hésitant pas même à avouer ses failles comme son illettrisme sur l’éloquent « Savoir dire ». « A défaut de s’écrire, Quelques mots ou de les lire, Rien ne vaut le savoir dire, Et savoir dire je t’aime » joue-t-il avec les mots et notes musicales.
Après la pluie, le beau temps
Jamais loin de sa guitare, Kendji Girac fait pleurer autant que danser. Demeurant un éternel faiseur de tubes ambiance gipsy pop dont lui seul a le secret. Un artiste séchant sa vague de mauvais souvenirs dans un tourbillon dehits solaires. À l’instar du très efficace « Je te salue » qui a tout pour réchauffer les corps cet automne. « Alléluia allez Alléuia, Emmène-moi danser où que tu sois » scande-t-il autour d’un refrain fraternel surtout en cette période de conflits mondiaux. Un hit entêtant taillé pour la scène que l’on espère d’ailleurs retrouver dans la setlist de sa tournée « Nos 10 ans ». Plus dispensable en revanche « Camila » qui malgré ses sonorités pop radiophoniques manque un peu de fond. Plus vitaminé encore la rythmique bondissante de « Soy Lo Que Soy » mettant en lumière l’acceptation de soi avec un mélange de français et espagnol. Et c’est entièrement dans la langue hispanique que l’interprète des « Yeux de la mama » rend cette fois hommage à son « Papa ». Avant de saluer ses pères spirituels, les Gipsy Kings avec une reprise de leur tube « Chiribi ». Une jolie manière de ponctuer son nouveau départ avec un dernier regard vers le passé et ses débuts dans la lumière.
DROUIN ALICIA