Il se revoit en haut de l’affiche. Six ans après son décès, la vie de « Monsieur Aznavour » est ranimée au cinéma. Un biopic retraçant la carrière de cet artiste au son de ses grands classiques. Un monument de la chanson française aux 180 millions d’albums vendus, parvenu à forte de travail et détermination à devenir un véritable symbole de réussite.
Du bas de l’échelle au haut de l’affiche
Il est de ces légendes que même les moins de 20 ans connaissent certainement. Et pourtant bon nombre sont ceux qui disaient de « Monsieur Aznavour » qu’il n’avait rien pour réussir. Un physique banal, une petite taille, un nez trop imposant, une voix nasillarde enrouée… Sans oublier son nom à consonance hébraïque en plein contexte antisémiterappelé dans le film. Mais c’était sans compter sur la détermination et l’audace de ce grand passionné parti de zéro. Et c’est enfant dans le petit bistro parisien de ses parents d’origine arménien que l’on découvre Charles faire ses premiers pas. Mais ce n’est que des années et épreuves plus tard qu’il atteindra le sommet. Ascension donc loin d’avoir été fulgurante, retracée pas à pas via une chronologie linéaire dont on connaît forcément dés l’ouverture de rideau l’issue . Un parcours riche aussi fascinant qu’émouvant qui force le respect. Du premier chapitre sur « Sa jeunesse » rythmée de projets post libération, aux stand innovation dans les salles parisiennes. Sans oublier sa révérence finale à l’âge de 94 ans. Le tout en seulement 2H15. En passant par sa course vers le succès entre son duo de choc avec le pianiste Pierre Roche (incarné par Bastien Bouillon), ses fausses notes, doutes, « (Mes) emmerdes », rencontres personnelles et professionnelles. Entre autre la légendaire Edith Piaf (Marie-Julie Baup) qui l’a pris sous son aile et ce malgré l’accueil glacial du public et des journalistes. « Je chanterai pourtant, quitte à m’en déchirer la glotte » affirme le chanteur préférant passer par l’issu de secours plutôt que par l’entrée pistonnée des artistes. Un homme pourtant prêt à beaucouppour réussir même à mettre de côté amis proches, femme et enfants. Quitte à passer à côté du véritable bonheur. Un perfectionniste à tendance éternel insatisfait nous offrant une grande leçon de vie à travers un portrait réaliste aussi bien côté scène qu’en coulisses. Entre autre la génération actuelle qui redessine son image de « vieux sage » aux multiples tubes, en ex jeune coureur de jupons et opportunités. Un acharné de travail qui pouvait enchaîner « sans répit jour et nuit » jusqu’à 17H de ratures et cigarettes avant de trouver le bon tempo. La fameuse « formule Aznavour » faite de rimes poétiques, vocabulaire riche, textes fédérateurs et interprétations magistrales à la première personne. Univers singulier rythmant entre autre le symbolique et biographique « Je m’voyais déjà » qui lui a permis de prendre son envol après avoir été au plus bas.
Un « Monsieur Aznavour » plus vrai que nature
Un grand classique marquant un tournant tant dans la carrière de Charles Aznavour que dans le film où tout s’accélère enfin. Le début d’une longue gamme de succès résonnant sur la bande originale comme « Les Comédiens », le valsant « Emmenez-moi » qui a voyagé jusqu’aux Etats-Unis ou encore l’historique « La Bohème » hymne à ceux croquant la vie à pleines dents. Un artiste ressortant de chaque plébiscite avec toujours plus de soif de réussite et des performances de plus en plus bluffantes. Une personnalité dont s’est imprégné des pieds à la tête son interprète Tahar Rahim. Un acteur endossant son costume « For me… « dablement » bien, composé entre autre de neuf miniprothèses et de 4 heures de maquillage minutieux quotidien. Si la ressemblance physique est harmonieuse, la prestation scénique est plus troublante encore. Sans fausse note, Tahar Rahim crève l’écran tant dans la gestuelle, que le phrasé du chanteur, ainsi que sa voix et son accent uniques. Un petit prodige qui comme son personnage ne doit pas sa prouesse au hasard. Lui qui s’est nourri de centaines d’archives de films de chansons, jusqu’à prendre 6 à 8 heures de cours de chant par semaine pendant 6 mois pour poser sa propre voix sur les chansons du film à peine mixée sur les notes aiguës. Chapeau l’artiste. Un brillant hommage réalisé par le duo Medhi Idir / Grand Corps Malade dont on retrouve les plans séquences et mouvements rotatifs. Parmi les guest Johnny Hallyday, Frank Sinatra ou Charles Trenet avec qui Charles Aznavour chante désormais dans les étoiles. Un grand saut dans le passé rappelant sagement qu’« On ne peut garder sans cesse, Sa jeunesse ».
L’info + : Au box-office depuis le 23 octobre 2024, « Monsieur Aznavour » cumule pour l’heure 615 416 spectateurs, avant-premières incluses.
DROUIN ALICIA