Bruno Liljefors : les pérégrinations d’un peintre naturaliste
Après Carl Larsson en 2013 et Anders Zorn en 2017, le petit Palais poursuit sa mise en lumière d’artistes scandinaves en ouvrant ses portes au peintre naturaliste Bruno Liljefors. Avec cette superbe rétrospective, préparez-vous à explorer la flore et la faune sauvage de la Suède.
Le retour du Prince des animaliers
Malgré son succès européen au début du siècle dernier, Bruno Liljefors est progressivement tombé dans l’oubli. Surnommé le Prince des animaliers dans sa Suède natale, c’est une figure singulière de l’art scandinave car en dépit de son parcours à l’école royale de Stockholm, il a souhaité rompre très rapidement avec l’enseignement académique qu’il jugeait trop restrictif.
Séduit par les courants impressionnistes, cet artiste avant-gardiste a voyagé en Allemagne, en Italie, puis il s’est installé en France auprès d’une colonie d’artistes nordiques afin d’apprendre à créer d’après nature.
À l’exemple des peintres de Barbizon et surtout des naturalistes, Bruno Liljefors s’inscrit dans le sillage de Charles Darwin qui l’a, de toute évidence, influencé par la publication de son étude scientifique sur l’origine des espèces.
Un peintre naturaliste
Les compositions de Bruno Liljefors sont majoritairement réalisées sur le vif et mettent en scène une nature sauvage captée dans toute sa beauté et sa diversité.
Amoureux de la faune et de la flore, ce peintre chasseur est un fin observateur et chacune de ses toiles impressionne le spectateur par l’atmosphère à la fois douce et cruelle qui s’en dégage.
Composées entre champs et forêts, ses huiles sont constellées de blanches marguerites, de fleurs de pissenlits, de trèfles ou de petites baies rouges acidulées qui appellent et séduisent les regards des spectateurs.
Parallèlement à sa maîtrise de la flore et de la végétation, Bruno Liljefors décline le monde animalier avec autant de maestria : qu’il s’agisse de renardes, d’oies cendrées ou de chatons, il les représente en plein air en captant leurs activités et leur mouvement perpétuel.
Son rendu des oiseaux est particulièrement remarquable : entre un joli pinson, une pie-grièche, un petit pouillot ou une charmante bécassine, cet artiste amoureux de la faune nous offre des études précises et saisissantes dignes de planches ornithologiques.
Pérégrinations picturales
La technique de Bruno Liljefors est très touchante car il peint avec autant de minutie que d’amour. Tandis que son pinceau caresse les feuillages, sa touche vive et enjouée brouille nos sens et nous enivre de senteurs végétales. De son trait preste et ciselé, il semble creuser la terre sèche et parvient à en faire jaillir toutes sortes de fleurs et d’herbes folles qui inondent ses toiles kaléidoscopiques.
Il en va de même pour les animaux qu’il guette et observe de très près : lorsque Bruno Liljefors capture la fourrure de renardeaux ou le plumage de petits oiseaux, les poils de son pinceau vont jusqu’à faire corps avec celui des bêtes représentées.
Il faut dire que cet artiste hors du commun passait des heures à arpenter les landes et les sous-bois pour capter les textures et les postures des animaux mais aussi pour comprendre leurs comportements : camouflé dans des buissons à l’affut de chasses ou de parades nuptiales, il n’hésitait pas à grimper dans des arbres à des hauteurs vertigineuses simplement pour étudier des nids de balbuzards !
À travers l’exposition du Petit Palais, des dizaines de dessins et de photographies prises par Liljefors témoignent d’ailleurs de cette approche quasi scientifique de la peinture.
Vous l’avez compris : cette rétrospective est unique, vibrante et exceptionnelle. Surtout ne la ratez pas !
Florence Gopikian Yérémian – florence.yeremian@symanews.fr
Bruno Liljefors :
La Suède sauvage
Petit Palais
Avenue Winston Churchill
Paris 8e
Jusqu’au 16 février 2025