La défaite est une victoire. C’est en somme la morale de l’année 2024 du jeu vidéo en France si l’on écoute le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (SELL). L’hexagone a finalement été touché par le ralentissement du marché, mais pour les responsables français du secteur, il n’y pas à s’inquiéter.

Le marché du jeu vidéo en France repasse donc sous les 6 milliards d’euros à la fin 2024, après une baisse annuelle de 5,8%. En dépit de cette décroissance, des motifs de confiance pour l’avenir sont avancés par le président du SELL M. Rebours. Premièrement, l’économie vidéoludique reste fortement au-dessus des années pré-COVID (+14% par rapport à 2019), ce qui suppose que l’industrie a acquis un nouveau public pérenne. L’année 2023, considérée comme «trop bonne» avec de nouvelles consoles qui sortaient d’une longue période de rupture de stock, ne peut pas faire figure de nouvelle norme. Ca se discute, puisque ce serait là reconnaître un plafond de verre du marché hexagonal. L’année 2024 ne serait qu’une année de transition et l’organisation compte bien sur la Switch 2 et GTA VI pour revenir dans le vert en 2025.
Mais la nouvelle machine de Nintendo peut-elle freiner la chute du marché console? Avec presque -19% sur un an, la parc console français connaît un désamour très clair, et lui pour le coup retombe à sa niveau de 2019. Ce sont les jeux smartphones (+8%) et les PC (+9%) qui ont limité la casse en 2024. Depuis 2019 justement, l’argent dépensé dans les jeux mobile a augmenté d’un tiers. Le dématérialisé écrase encore un peu plus les versions boîte en fin de carrière : 88% des jeux vendus en 2024 en France l’ont été sur une boutique virtuelle. Les microtransactions et autres contenus téléchargeables pèsent toujours la moitié de la valeur totale.
Et voici le moment que tout le monde adore : le classement des jeux vidéo les plus vendus en France en 2024. C’est toujours EA Sports FC dans sa version 25 qui est en tête avec presque 95 millions d’euros de revenus. Call of Duty Black Ops 6 est second avec 67 millions et Dragon Ball Sparking Zero crée la surprise en troisième marche du podium avec 27 millions d’euros de revenus pour BandaiNamco chez nous. Il finit donc largement devant le jeu Nintendo le plus populaire, Super Mario Party Jamboree.
Hormis ceux-là, les jeux sortis en 2024 sont à la peine. En effet, dans le top des ventes par support, près de la moitié des titres étaient de 2023. Seuls The Legend of Zelda Echoes of Wisdom (11m€), Final Fantasy VII Rebirth (10m€) et Astro Bot (9m€) tirent vraiment leur épingle du jeu parmi les hits reconnus de 2024. La Switch n’a plus que six jeux sur vingt dans ce classement : le succès de la Switch 2 sera clé pour Nintendo s’il veut reprendre du terrain dans l’hexagone.
Du côté ordinateur personnel, on constate une baisse du ventes de software mais les joueurs PC ont massivement sorti la carte bancaire pour s’équiper en 2024 : ordinateurs portables +13% en valeur, unités centrales +9,5% et écrans +26%! Valve peut voir son avenir français avec optimisme. Les microtransactions sur smartphone progressent toujours pour atteindre 1,6 milliards d’euros, et Pokémon Trading Card Game Pocket fait son entrée dans le top 10 avec presque 30 millions d’euros glanés en seulement deux mois.
Selon le SELL, on compte 38,2 millions de joueurs de jeu vidéo en France, dont 75% joueraient au moins une fois par semaine. 52% auraient un temps de jeu moyen d’environ sept heures par semaine, tandis que 20% joueraient plusieurs fois par jour. On aurait donc entre sept et huit millions de hardcore gamers français. Le smartphone reste le terminal le plus utilisé, mais de plus en plus de passionnés mélangent leurs expériences de jeux : un individu joue sur plus de deux supports en moyenne. La moitié jouent en ligne. Enfin, une frise très intéressante permet de contempler l’évolution du marché tricolore. A la sortie de la PS2 en 2000, 20% des français jouaient aux jeux vidéo, c’est environ 55% aujourd’hui.