Retour sur Art Paris 2025
Comme chaque année, SYMA News vous propose sa sélection toute personnelle des galeries et des artistes phares d’Art Paris.
Sophie Ryder : mythologie et fil de fer
Sagement assis devant la façade du Grand Palais, les sculptures monumentales de l’artiste franco-britannique Sophie Ryder ont accueilli tous les visiteurs d’Art Paris 2025. Réalisés en fil de fer, le Minotaure et la Dame Lièvre ont fait se confronter le masculin au féminin mais aussi la force et l’agilité, dans une atmosphère fusionnant mythologie et contes de fée.
Schiele & Klimt : dessins de maîtres
Egon Schiele était présent sur le stand de la Galerie Wienerroither & Kohlbacher à travers une demi-douzaine de dessins déclinant une demoiselle alanguie, le visage d’une jeune fille aquarellée ou un autoportrait du peintre empreint d’une indécente suffisance. Par-delà sa maitrise sensuelle et tortueuse de la ligne qui contraste avec l’attitude distanciée et quasi hautaine de ses figures, les spectateurs ont été happés par la puissance expressionniste insufflée par Schiele dans les regards de ses modèles.
A ses côtés, son maitre et mentor, Gustav Klimt nous laissait admirer une superbe étude de nu ainsi qu’un feuillet délicatement crayonné illustrant des amours saphiques.
Irving Petlin : abstractions spirituelles
La galerie suisse Ditesheim & Maffei Fine Art présentait de très belles huiles d’Irving Petlin (1934-2018) dont une composition nommée The Sea… Sinaï. Réalisée dans un incroyable dégradé de teintes jaunes, ocres et orangés, cette œuvre se situe à la croisée de l’art abstrait et d’un paysage désertique. L’approche quasi organique de l’artiste est un régal pour les yeux car elle fait se superposer des lignes incisées, des craquements de matière et de petites coulures qui nous font penser à une rencontre spirituelle entre la terre et les cieux. Il en ressort une impression de chaleur diffuse, de douceur acidulée voire de désolation joyeuse qui nous rappelle les talents subtils de pastelliste d’Irving Petlin. Pour ceux qui s’en souviennent, une salle était consacrée à ce grand artiste américain au Petit Palais lors de l’exposition d’avril 2020 : L’art du pastel, de Degas à Redon.
Giuseppe Lo Schiavo : un photographe qui fait tomber les murs
Place à photographie qui était très présente durant cette édition 2025 d’Art Paris notamment avec la Galerie Spazio Nuovo qui a mis en avant les œuvres panoramiques de Giuseppe Lo Schiavo. Né en Calabre, cet artiste italien réalise des tirages paysagesques qu’il propose souvent sous forme de polyptyques. Capturant la mer, la campagne ou le foret, ses clichés hyper réalistes ont la particularité d’être mis dans des cadres de format fixe où des battants de fenêtres cernent systématiquement l’image. Grace à cet encadrement qui crée une perspective, le spectateur a l’impression d’être dans une pièce qui s’ouvre littéralement vers l’extérieur et le plonge dans une dimension supplémentaire. L’effet d’optique est incroyable car le regard est aspiré au loin, que ce soit par-delà les arbres ou les flots. Pour tous ceux qui souhaitent orner des appartements à murs clos ou créer de la profondeur dans une pièce, ces créations sont tout simplement parfaites !
Didier Goupy : raffinement sylvestre
Photographe également, Didier Goupy (Galerie Esther Woerdehoff) exposait plusieurs tirages sur papier de coton dont une série nommée Fondations. Pour la réaliser l’artiste s’est réfugié au cœur de forets où il a peint une merveilleuse chronique de la vie silencieuse des arbres.
Entre un alignement de bouleaux et un enchevêtrement de branches ocres, son objectif parvient à traduire la délicatesse d’une écorce bleutée, la douceur d’un tapis de mousse ou l’explosion de chatons de saule.
Sa technique très précise ainsi que sa maitrise des pigments dans des teintes raffinées font vibrer nos pupilles et captent la métamorphose constante de la nature. Il en découle des images douces et lumineuses propices à la méditation.
Woo Kukwon : maitre coréen de la peinture cartoon
Woo Kukwon vit et travaille à Séoul. Représenté par la Galerie 313 Art Project, il mettait en avant une série de toiles très fantaisistes, proches de l’illustration et du cartoon pour enfant mais teinté d’une philosophie sous-jacente.
Ses œuvres pop aux couleurs vives évoquent des paysages féériques dans lesquels évoluent de petits personnages à tête d’animaux. Souvent agrémentées de textes et de dialogues, elles sont traitées presque en 3D par une superposition de peinture brute. Qu’il s’agisse de montagnes ou de cascades, son traitement donne l’illusion du mouvement de l’eau ou du relief terrestre et apporte un aspect très ludique, presque gaufré à l’ensemble de ses compositions.
Julio Gonzales : une redécouverte
La Galerie barcelonaise Marc Domenech a mis le travail de Julio Gonzales (1876-1942) à l’honneur. Entre une aquarelle figurative (La femme aux germes de blés), un collage abstrait, une gouache cubiste et une sculpture de bronze, le public d’Art Paris a pu redécouvrir les multiples talents de cet artiste espagnol trop longtemps resté dans l’ombre de Picasso. Julio Gonzales a pourtant révolutionné la sculpture en fer de son époque et influencé de multiples artistes à l’exemple d’Eduardo Chillida. Pour ceux qui ne le connaissent pas, sachez que le Musée d’Art Moderne de Paris possède plus de 250 de ses œuvres ! Pour en savoir davantage : Site officiel de Julio Gonzalez
Les Pépites de Jérémie Cosimi
. 
Sur l’ensemble d’Art Paris deux petites pépites rayonnaient aux murs de la Galerie des Filles du Calvaire. Parmi des portraits et des natures mortes signés Jérémie Cosimi, un simple poivron rouge et une grappe de tomates cerises nous mettaient l’eau à la bouche. Réalisées à l’huile sur un tout petit support de bois, ces précieuses miniatures témoignent à merveille du travail virtuose de ce jeune artiste. Déclinées dans des teintes écarlate et vermillon, elles conjuguent une maitrise parfaite des reflets, des textures et du chiaroscuro. Jérémie Cosimi est un artiste rare qui devrait réconcilier le public et les collectionneurs avec la beauté et le savoir-faire de l’art classique. À suivre de près !
